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Chambord (1)

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Chambord (1)

 

 

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Les brandes… Une région indécise, aux horizons bas et mous, où les rivières languissent, sans lits, à la recherche d’un chapelet d’étangs comme exutoires. Perdu sous l’ombre de forêts interminables, les confins du Massif Central derrière soi, le bassin de la Loire juste entrouvert, nulle transition indique un changement de topographie, seuls, des pins, des bouleaux, infinis, tous identiques, défilent et masquent le regard. Dans cette demi-solitude à la population giboyeuse, l’humidité s’invite partout, maîtresse des lieux, laissant par saltation quelques refuges à des embryons de vies humaines. Les pouilles… Un autre toponyme à la prononciation évocatrice, un pays accablé d’injures et de reproches au sein duquel les habitants côtoient généralement la misère. Un état d’abandon indépendant d’actions humaines, différent en cela de la Brenne, une désolation depuis l’orogénèse alpine qui a soulevé un coin de la vieille chaîne hercynienne pour basculer l’ensemble de ses détritus dans cette cuvette. Depuis, le sable s’invite partout ici. Il sert de soubassement à tout, fait obstacle à la moindre infiltration et condamne le peu d’habitants à vivre au milieu des brouillards matinaux et des marécages nauséabonds.

Ce paysage, ni triste, ni gai, qui soulève comme une mélancolie, c’est la Sologne. Un « vide » comme disent les géographes ; un espace, peuplé de gibiers dépassant par leur quantité les hommes. Une solitude en soi, dont la profusion de cervidés et autres sangliers, plut à une aristocratie adepte de plaisirs cynégétiques. Elle s’installa là, cette cour vagabonde, dans le méandre d’un petit ru de la vaste plaine imperméable, sur les bords du Cosson, dans un lieu-dit trouvant ses origines chez les Celtes.

Chambord !

Quand on y arrive, un parc vous accueille. Une arche abandonnée signale le départ d’une longue avenue au nom illustre, traçant en ligne droite à travers cinq-mille-cinq-cents hectares de forêt qu’entourent une muraille de trente kilomètres de circuit. Puis, alors qu’on traverse des bois de caducifoliés centenaires, alors que l’on se prévient du jaillissement d’une faune en excès, voilà que crescendo le château pointe à l’horizon, inattendu, comme surgi de nulle part. Le premier effet est saisissant, car il suit l’ordre inverse d’une bâtisse qui serait placée sur une hauteur. Plus on s’approche, plus il s’extrait du sol et frôle l’azur. Sorti de terre comme un mirage, il prend au fur et à mesure la consistance d'une immense construction épanouie à chaque étage, qui dessine, à ses sommets, une arabesque de toitures, de cheminées effilées, qui s’élèvent vers le ciel, semblables à une longue chevelure soulevée par un vent violent. Mais rien n’est facile à discerner, pas plus le style que l'ordonnancement. L’œil un peu perdu, on cherche des repères habituels. Les yeux fixés sur les hautes terrasses, balustres, la végétation de pierres paraît faire écho à la nature environnante. De cheminées en lucarnes, de dômes en tourelles, tous dentelés, tous découpés, contournés, décorés de F gothiques, de salamandres et ardoises simulées, le regard se repait de ces mets. Puis, l'ascension imaginaire se prolonge, grimpe, avec l'azur en arrière-fond. Les pinacles et clochetons dépassés, c'est jusqu’à une lanterne sommitale, chapeautée par une fleur-de-lys, que s'achève l'observation de l'immense coiffe.

Ces premières émotions retombées, l’esprit se concentre ailleurs, sur la courtine en U, étonnante, masquant la vue du bâtiment principal. Dépourvue de loggia, la muraille arasée, sans mâchicoulis, ni crénelages, interroge. Et même aujourd’hui, conscient du caractère dispendieux du cognaçais, jamais avar pour mobiliser une partie du Trésor en mauvais administrateur qu’il était, on suppute sur ce morceau qui semble inachevé.

Avant de gagner la cour intérieure néanmoins, on contourne l’édifice, en examine les façades. Le pied de la chapelle castrale, érigée par Henri II, dépassée, on prend le large, va vers le Cosson, observe le cours canalisé par des terrasses. Ce côté, le plus abouti de la construction, se scande de quatre tours géantes par-dessus lesquelles se profilent autant de poivrières ardoisées couronnées de lanternons surdimensionnés et ajourés.

 

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