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Sur l'Estran... / Antonio Rizzi

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Sur l'Estran... / Antonio Rizzi

 

Le Nereidi / Antonio Rizzi

 

1906

Museo civiquo, Cremona

Huile sur toile

 

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Soumises à des palpitations humides, elles ressentent des mouvements très lents, des déplacements tellement insensibles, que la constatation ne peut avoir lieu que par les regards successifs qu’elles s’échangent.

Submergées parfois jusqu’à l’encolure, la chevelure identique à celles des ailes d’un corbeau réverbérant la nacre d’un blanc trésor, elles étendent leur coloris albâtre sur l’estran. Et en dépit de leur peau pareille au marbre de Carrare, l’aveuglante blancheur qui éclate sur leurs hanches iodées dévoile leurs silhouettes scintillant d’une espiègle mélancolie.

Ô troupe aux mortels cachée, tordant aux vents légers vos cheveux enchantés de perles et roseaux, écrins de la flore des eaux, les flots s’incurvent en un arc d’or où le ciel se reflète pour vous saluer.

La lame écume au bout de vos pieds, au sommet de vos cous élancés ; elle creuse les fines particules agglomérées où vos corps s’enfoncent inlassablement ; elle épouse vos ondulations d’ivoires polies par les baisers de l’Océan. Mais est-ce le grand éventail qui plie ses rayons, tirant sa couverture crépusculaire, devant vos vues tamisées par l’astre vermeil qui descend indéfiniment ? Est-ce la lune qui luit derrière la courbe aquatique qui s’élève ostensiblement, comme suspendue par-dessus un vide envoûtant ?...

Couchée dans votre lit ruisselant, épais comme une sphaigne bombée par les larmes d’une rosée, vous faites fi de ces considérations quotidiennes ; vous embrassez l’amant qui va bientôt partir, vous accueillez dans vos couches aquatiques le promis qui va surgir pour vous plonger dans la nuit.

Nulle anxiété en vous. Vous attendez, le temps du repos est pour vous. Vous saluez d’un bras fluet l’onde amoureuse, laquelle bientôt viendra couvrir la saillie de vos seins durs. Et la chevelure, tordue au vent ou étirée en des filaments au gré des courants ascendants, vous vous prélassez, palpitant à peine, habituées aux caresses de Poséidon.

Le paysage doux, voluptueux, aimant, et d’une adoration timide, vous effleure. Au bord de l’eau aux reflets pastels, aux éclats roses et céladons, vous rêvez sous le ciel qui s‘endort. Fières beautés ! même la tempête a fermé son aile furibonde, même la rafale du large a étouffé ses sanglots ; et seul un léger manteau aux volutes d’argent roule et submerge vos corps lustrés par l’Océan.