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Eglise Santa Maria della Pace

Eglise Santa Maria della Pace

Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Chapelle Chigi. Sibylles de Raphaël (1514)

Chapelle Chigi. Sibylles de Raphaël (1514)

Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Chapelle Ponzetti, conçue et décorée par Baldassare Peruzzi

Chapelle Ponzetti, conçue et décorée par Baldassare Peruzzi

Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Chapelle Cesi, réalisée par Sangallo le Jeune

Chapelle Cesi, réalisée par Sangallo le Jeune

Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Chapelle Mignagnelli, encadrée de marbres prélevés sur le temple de Jupiter, en haut du Capitole

Chapelle Mignagnelli, encadrée de marbres prélevés sur le temple de Jupiter, en haut du Capitole

Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Visitation, de Maratta (1655)

Visitation, de Maratta (1655)

Eglise Santa Maria della Pace
Baptême du Christ, Orazio Gentileschi (1607)

Baptême du Christ, Orazio Gentileschi (1607)

Eglise Santa Maria della Pace
Maître-autel

Maître-autel

Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace
Eglise Santa Maria della Pace

 

Eglise Sainte Marie de la Paix

 

 

Précédent : Chiesa Santa Maria dell’Anima

 

 

A une égale distance de la chiesa Santa Maria dell'Anima et de la Piazza Navona, blottie sur une place taillée pour elle, l’entrée de la chiesa Santa Maria della Pace se profile. La petite église, au portique en colonnades, saillante boursoufflure, doit son nom à un vœu de Sixte IV ; lequel fit le serment de bâtir un temple à Marie si la paix s’établissait entre Ferrare et Venise, alors en guerre. Le résultat heureux, il construisit la chiesa, plus tard agrémentée d'un pronaos baroque posé sur des fûts doubles d’ordres lombards. Plus proche, l'étonnante excroissance par-dessus moi, on pousse les battants du temple, s’insère dans son intérieur étroit.

Si chétive, on se dit...

Pourtant des trésors d’artistes à la renommée consommée se côtoient ici. Mais d’abord, patient, on s'initie aux dimensions inhabituelles pour une église de Rome. On parcourt le petit atrium, semblant de nef, un vestibule en quel que sorte d'une salle octogonale plus grande. Mu par la lenteur de celui qui sent ici des choses remarquables, plutôt que de se propulser avec célérité vers le sanctuaire, on préfère le long arrêt au milieu du petit couloir. Cerné de chaque côté par des chapelles prestigieuses, sur la droite, le regard se pose sur le bronze d’un autel de la riche famille Chigi. En surplomb du caveau familial, un arceau porte des sibylles fresquées ; gracieuses ; semblables à celles de Buonarroti dans la SixtineLarge, au plus près de la contre-façade, le style gagne en finesse et harmonie à mesure que la scène se déploie sur une architecture sombre, ersatz de décor.

Cumes, Phrygie, Perse, Tibur… tels sont les noms des quatre beautés divines…

Les inspirées païennes composent. Elles adoptent des attitudes diverses et variées. Tantôt le bras levé, tantôt en appui sur l’un d’eux, chacune se tournent ostensiblement vers des plaques minérales où un message est délivré. Au début, on hume faiblement la poésie indicible de Raffaello. Trop copiées, on pense. Trop inspirées par l’emphase déclamatoire de Buonarroti, la sibylle de Tibur incarne plus la Longoeva sacerdos de Virgile qu’une imagination active. Même si la touche rapide et sûre est là, presque inquiet, on se demande où est passé la verve de celui avec qui la peinture disparue au moment où son regard se ferma... Puis, comme si une assimilation balayée toute la longueur de l’arc, l’influence de Buonarroti s’étiole, s’amenuise, jusqu’à disparaître totalement... Ainsi, entre des anges d’âges mûrs, par-delà un putti tenant à sa main la chandelle du destin, les prophétesses de Cumes et Phrygie s’agitent calmement en de beaux raccourcis. Le contraste avec les fresques de la Sixtine est piquant, il aiguise la curiosité. Le mélange de tons doux et de rotations corporelles sans excès, l’énergie ne vient pas du mouvement, elle infuse la matière, fusionne dans un parfait accord chromatique, sans gesticulations désordonnées. Les lignes savantes, aux combinaisons multiples, les deux visages expressifs, les yeux cernés de filets noirs, presque imperceptibles, les sentiments se propagent à travers leurs iris orientées vers des messages gravés sur deux marbres. Transporté par la rhétorique, les joues fraîches des deux entités divinatoires me font penser aux Vertus et la Loi de la Chambre de la Signature, à Sainte Catherine exposée à la National Gallery… Le voilà !, je m'exclame en silence. Heureux à nouveau de voir l’élève de Perugino dans sa plénitude, chaque particule de la prouesse est absorbée par un cerveau proche de la lévitation. Artiste unique, il l'est ; et, sans agitation, sans même le tremblement étrange parfois ressenti au contact d'œuvre unique, on balaie une à une les parcelles de la fresque, où jamais ne transpire l’effort…

La chapelle suivante a été dessinée par Sangallo le Jeune en personne. Malgré l’exigüité du réduit où elle semble s’encastrer, la solidité, la grandeur aussi, donnent l’apparence d’une architecture plus grande et monumentale que nature. En bas-reliefs, les grotesques s’associent à des circonvolutions florentines sur l’arc et les pilastres à son entrée. Grâce et perfection, aspect macabre de jusants qui figurent un couple réuni dans la mort ; les deux personnes allongées, calmes, sereines dans leur repos éternel, sont posées sur des sarcophages soutenus par des sphinx inspirés du pays des pyramides. La mort, même belle sous les ciseaux de Vincenzo de Rossi, glace le sang toutefois.

En face, centrée sur une production de Marcello Venusti, une autre chapelle offre l’opportunité de découvrir les derniers marbres de feu le temple de Jupiter, tout en haut de la colline du Capitole, jadis emblème de la cité des Césars. A côté, face aux productions de Raffaello, toujours discret, à l’image de sa vie timide, sans fard, peut-être par peur de se mettre en exergue, les fresques de Baldassare Peruzzi développent un style gracieux qui lui fut si propre.

Quitté l’atrium, le grand espace octogone constitue pour ainsi dire l’église. Il porte sur chacune de ses chapelles radiales de grands tableaux, un Saint Jean l’Evangéliste du chevalier d’Arpin, la Présentation au temple sur un décor de Rome antique de Peruzzi, un Baptême du Christ, brillante réalisation de Gentileschi, caravagesque, qui peina tant à se faire connaître... Enfin, niché dans le maître-autel, au milieu de quatre colonnes vertes et antiques, sur un fond de jaspe noir, l'image d'une Madonna raconte qu’un jour, frappée d’une pierre par une main impie, on la vit couler son sang comme d’une blessure. Et Sixte IV, face au miracle, décida de la placer sur ce maître-autel, où elle trône toujours ; toujours avec sa verve archaïque, eu égard aux autres réalisations qui peuplent la chiesa

 

Suivant : Chiesa San Luigi dei Francesi

 

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Vidéo de la chiesa