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Palazzo Altemps (3)

Palazzo Altemps (3)

Statue de Calliope. Copie romaine inspirée du groupe créé par Lysippe sur l'acropole de Megare (317-307 av. J-C)

Statue de Calliope. Copie romaine inspirée du groupe créé par Lysippe sur l'acropole de Megare (317-307 av. J-C)

Statue d'Urania. Copie romaine du 1er siècle, copie de l'Urania du groupe des 9 muses créé par Philiskos de Rhodes au 2ème siècle av. J-C

Statue d'Urania. Copie romaine du 1er siècle, copie de l'Urania du groupe des 9 muses créé par Philiskos de Rhodes au 2ème siècle av. J-C

Pan et Daphné. Copie romaine, original Heliodoros de Rhodes, env. 100 av. J-C

Pan et Daphné. Copie romaine, original Heliodoros de Rhodes, env. 100 av. J-C

Satyre et Nymphe. Copie romaine, original grec du 2ème siècle av. J-C

Satyre et Nymphe. Copie romaine, original grec du 2ème siècle av. J-C

Palazzo Altemps (3)
Masque en bas-relief. Période d'Hadrien, 2ème siècle

Masque en bas-relief. Période d'Hadrien, 2ème siècle

Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Hercule

Hercule

Palazzo Altemps (3)
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Palazzo Altemps (3)
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Junon, 1er siècle, en marbre de Paros

Junon, 1er siècle, en marbre de Paros

Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Palazzo Altemps (3)
Trône dit de Ludovisi. Marbre grec datant de 460-450 av. J-C

Trône dit de Ludovisi. Marbre grec datant de 460-450 av. J-C

Palazzo Altemps (3)
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Palazzo Altemps (3)

 

 

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Tout au bonheur de marcher au milieu d’œuvres de grands sculpteurs grecs, vraisemblablement connus, quelques-uns, un peu moins, le brouillard plus ou moins dense de l’attribution des très estimables copies romaines devient un divertissement. On s’enveloppe de ses mystères. On est surpris, désappointé parfois, eu égard aux noms conjecturés au préalable, et que la signalétique indique comme erronés. Affaire de sentiment, la fantaisie s’invite, prend une place singulière dans le jugement. Au contact des mythes solidifiés, les affirmations souvent contradictoires s’égrainent à la volée, soulevées par d’inattendues différences techniques sur une même réalisation. On se questionne... Est-ce là une étendue du repenti de l’artiste ? Peut-être ? Qui sait ? L’existence d’ajouts plus tardifs ?... L’esprit plongé par amusement dans les suggestions de ce moment de réflexion oisif, venant à ma rencontre, un Pan veut amadouer un Daphné candide. Fraîcheur de l’innocence, le dieu aux yeux lubriques réclame le souffle du jeune aveugle dans l’instrument où Seringue, la fille du fleuve Ladon, se cache de lui, craintive. Efféminé ô combien, harmonieux, suave presque, les lignes de l’adolescent semblent empruntées à une jeune fille. Les genoux ankylosés, engorgés jusqu’à en faire disparaître les rotules, le visage ovale du chantre, le déhanchement peu affirmé du poète, suggèrent que l’amoureux des pastorales plaintives est triste, qu’il entretient, aussi, une ambivalence sur son sexe, jusqu’à ce qu’on découvre l’attribut de son véritable genre.

Hermaphrodite ? Le mot est articulé, comme une évidence.

Le fils et amant d’Hermès, selon la légende, eremenos de la mythologie, joue côte à côte avec le dieu d’Arcadie aux pieds de chèvres, au front armé de deux cornes. Stratagème ? Jeu teinté de pathos et d’eros ? L’affection simulée du moitié caprin irrite derrière son sourire carnassier, son attitude railleuse ; des augures désagréables, qui laissent entrevoir une issue guère bénéfique pour la future victime.

Vagabond, on abandonne l’objet du jouet divin à son destin incertain. On glisse vers un satyre et une nymphe enlacés dans une danse tourbillonnante qui préfigure les sinuosités du Baroque. Plus rustre, plus froid, étincelant de reflets sur la squame de son porphyre lustré et ciselé ; un bas-relief, bouche ouverte, prêt à propulser une tirade d’Euripide, évoque les masques des acteurs antiques. Une Vénus, agenouillée, transie par la froideur, timide, et désirant ne pas révéler ses beautés divines, sert de vigie avant que l’on ne gagne une pièce dominée par des têtes cyclopéennes. Leurs regards vagues projetés vers le lointain, avec des traits sans âge, le mélange subtil de sentiments humains et d’un charisme olympien, font entendre de rester là plus longuement.

Un Héraclès à la barbe cotonneuse s’impose. La ouate similaire à un cumulus transpercé par le soleil après une rude intempérie, il fronce ses sourcils. Jupitérien par sa physionomie, bientôt il s’efface pour une tête plus grande encore ; un acrolithe, digne du visage de Constantin conservé dans le musée Capitolin, et qui, s’il a pris place à un moment au haut d’une statue, devait trôner à une altitude proche de cinq mètres. La mère de Claude, Antonia minor, masquée sous la solennité de Junon, idéalisée, au point d’en être presque impersonnelle, déploie sa chevelure dense tenue par un diadème orné de palmettes. Glissante sur sa nuque, tombante en boucles sur ses épaules, jusqu’à atteindre le faîte d’un vêtement sacerdotal, sa coiffe encadre un visage grave, presque hautain, avec des yeux sans sentiment, écarquillés, jusqu’à réduire les paupières à un simple filet voûté. La Lune, pleine, au comble de sa rotondité et de sa blancheur, semble apparaître dans son regard sans pupille. Encadré d’un nez droit relié à ses sourcils ; dépourvu de ce petit creux qui à l’habitude sert de transition entre les deux protubérances ; ses yeux impavides, glacés, déserts, imposent le silence et le respect.

Et juste à côté, enveloppé des nuages de la fable, le dessin gracieux, aussi exquis qu’un ton sur ton aux harmonies délicates, une Aphrodite naît de l’écume. Poésie au climat joyeux, aurore d’une promesse à venir, son corps brille de mille scintillements sous les éclats lumineux du trône qui lui sert de support. A l’image d’un pinax, elle s’affirme, timide, à peine détachée de sa base. Sa physionomie semblable à celle laissée par une cire perdue, elle s’élève délicatement ; elle tend les bras vers deux Heures, sentinelles des portes de l’Olympe, qui l’aident à prendre sa forme définitive et à se hisser vers l’éther. Derrière son chiton transparent, son visage serein et heureux trahit la satisfaction d’être en dehors du cours naturel des choses. La providentielle apparition, d’une portée spirituelle extraordinaire, sur ses bords, deux-mille-cinq-cents ans n’ont pas réussi à effacer le tracé délicat d’une flutiste, nue, les cheveux attachés, probablement une hétaïre, courtisane des temples de Venus ; à l’opposé, plus modeste figure vêtue, une femme en manteau se soucie de brûler des grains d’encens dans un brasero ; deux références symboles, deux personnages de la déesse, où l’amour sacré et profane se répondent comme un écho…

 

Suivant : Le Grand Sarcophage Ludovisi