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Morcote

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La Tour du Capitaine

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église Sant'Antonio de Abate construite vers 1300

église Sant'Antonio de Abate construite vers 1300

Morcote
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Oratorio Sant'Antonio da Padova construit dans les années 1670. Il reprend la forme du temple présent dans le célèbre tableau de Raffaello Santi, Le Mariage de la Vierge

Oratorio Sant'Antonio da Padova construit dans les années 1670. Il reprend la forme du temple présent dans le célèbre tableau de Raffaello Santi, Le Mariage de la Vierge

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Eglise Santa Maria del Sasso construite entre 1470 et 1478

Eglise Santa Maria del Sasso construite entre 1470 et 1478

Morcote
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Morcote

 

 

Précédent : Lugano

 

 

A qui vient aux lacs italiens chercher les douceurs de l’été, arriver à Morcote sous une de ces journées écrasantes dont la nature n’est pas avare ici, a quelque chose d’unique. Situé comme sur une presqu’île, et longtemps le principal port reliant la rive septentrionale à Porto Ceresio, pour au-delà gagner Milan, le borgo s’échelonne en alvéoles, grimpe sur le bas des flancs du Monte San Salvatore, et offre des perspectives sur l’étendue indigo.

Une fois passé par Grandia, au nord de Lugano, pour satisfaire un besoin impérieux de baignade, on rebrousse chemin, traverse à nouveau la grande cité pour monter au belvédère du Monte San Salvatore. Là-haut, outre les vues élargies sur le grand corridor aquatique, blotti comme dans un nid, le village de Carona offre sans cesse les surprises renouvelées de ses maisons colorées. Puis la descente commence, raide, faite de circonvolutions multiples. Morcote attend en bas, immobile. Perle du lago dont les charmes pittoresques n’ont rien à envier à Bellagio et Varenna, on brise des terrasses étagées pour y parvenir. Sombres, indistinctes parfois, elles font ressembler les flancs de la petite montagne à une carte de niveau. Sous ce soleil qui les prend en écharpe, les assises horizontales s’illuminent d’un vert doré ; elles préparent, sans le savoir, aux échos joyeux des arcades qui filent à l’image d’un cryptoportique sous les premiers étages des hauts bâtiments formant la base du village.

Que de fleurs sur ce rivage ! Que de dentelles délicates frissonnent et palpitent au gré de la brise inégale ! Eclairées, plus souvent envahies d’une ombre gaie, on marche sous ces voûtes, profitent à pas lents d’un clair-obscur où des volutes noirâtres semblent propager une fraîcheur inattendue. Tout le long du portique court la grande rue qui ceinture Morcote. Les maisons compressées les unes contre les autres, quelques-unes possèdent des signes distinctifs, d’autres ont des proportions plus colossales que leurs voisines. Un instant, on s’arrête devant la maison des comtes Paleari, noble famille locale, leurs armoiries toujours affichées tel un trophée sur la façade ; plus militaire, plus sobre, la Tour du Capitaine, est le dernier reliquat de la vieille forteresse qui jadis avait ses pieds balayés par les clapotis du Ceresio. On progresse. Le côté gauche de la rue donne sur le lac, le côté droit sur Morcote. Les maisons s’espacent, offrent des éclaircies plus fréquentes ; des terrasses dominées par des demeures plus aristocratiques, une végétation aux accents tropicaux, le tableau change et s’inscrit comme un négatif sur un fond irisé. Un escalier par paliers se dirige vers la plus archaïque partie du village. On grimpe ses rudes marches. En fait de curiosité, comme si un éboulement l’avait éventrée, une église ouvre ses chapelles aux passants sous un porche dévolu à la circulation des piétons. Dans son fond, derrière une ferronnerie classique, des fresques au fond sombre, mais rafraîchissant, relatent la vie de Saint Antoine de façon plus ou moins allégorique. On poursuit l’ascension. L’élévation s’accentue, et le lac expose davantage son horizon à des yeux émerveillés. L’autre rive se dessine, le Monte Generosio, les navettes glissent plaines de touristes sur l’onde immobile. On contemple longuement la beauté de la nature en osmose avec l’action des hommes. Un air de douceur, des senteurs parfumées se mêlent à cette étendue d’humidité qui aspire les attentions. On écoute le silence. On pénètre dans un temple albâtre, à l’architecture copiée sur celui que Sanzio a représenté dans le Mariage de La Vierge. Sous les stucs et une coupole aux coloris chauds, on se sent transporté à Palerme dans un oratoire travaillé par les merveilleux décors de Giacomo Serpotta. Puis l’église principale succède au monument baroque ; plus vieille, plus fouillée dans sa configuration ; une Pêche Miraculeuse peinte au revers du transept droit fait allusion au privilège accordé aux Morcotesi, par les ducs de Milan, de la pleine autonomie de la pêche dans le lac et de l’exonération des droits à l’intérieur du duché. Le Sanzio s’invite encore dans les attitudes des personnages façonnées par Bartolomeo da Ponte Tresa. Enfin, toujours plus haut, par derrière le clocher élégant de la chiesa dressé tel un campanile, on se hisse jusqu’à une hauteur que l’on juge terminale. Et on reste là, statique, pensif, calme et serein, attendant simplement que l’obscurité vienne peu à peu envelopper le lac et les montagnes…

 

Suivant : Lac d'Orta