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Orta San Giulio

Orta San Giulio

ïle San Giulio

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Oratorio San Rocco

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Orta San Giulio
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Orta San Giulio
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Orta San Giulio

 

 

Précédent : Lac d’Orta

 

 

C’est un village pittoresque ; le soleil entame sa course vers son nid ; il étale son jaune sur l’horizon et se termine par un blanc terne dans le ciel. Les montagnes lointaines bleues, comme si la réverbération des eaux du lac avait commué le vert des forêts en une teinte semblable à lui, les plus proches flancs de la Valsevia et du Monte Rose prennent une couleur violette fanée. Sur les nombreuses rues étroites du village surgissent tous les quinze mètres des tas de gens. Une femme, aux yeux ardents, pleins d’un feu caressant et sombre, porte aux oreilles de larges anneaux d’or ; et le bout de son lobe fait chaton à ses bagues jaunes qui brillent. Sa démarche est le premier de ses charmes. Souple et lente, sur un rythme royal et fauve, elle disparaît derrière un coin de rue aussi vite qu’elle était apparue. La belle Turinoise envolée, on se console avec la façade orangée de l’Oratorio San Rocco, un monument de tristesses érigé pour que la mémoire collective n’oublie pas les ravages de la peste de seize-cent-trente, faucheuse d’un quart des quatre millions de Lombards habitant le duché alors.

Ici, malgré quelques virgules à peine plus courbées qu’un cil, les artères filiformes dominées par des maisons hautes adoptent un plan inspiré d’Hippodamos de Milet. Perpendiculaires les unes aux autres, celles qui s’achèvent sur les rives du lac se finissent en impasses. Un garçon en chemise, manches courtes ; un mouchoir à carreau tiré d’une poche pour un autre ; on croise des individus, gagne des quais élémentaires, des embarcadères bruns faits d’un bois rudimentaire. Giulio ou Orta, selon l’appellation que l’on voudra bien lui donner, le bassin exoréique étend sa nappe délicate ; limpide à mes pieds ; sombre au large ; une voile à proximité de l’îlot San Giulio se baigne légèrement dans la pénombre projetée par les abruptes parois qui ceinturent le lac. Incongrus, originaux même, des garages aquatiques ont pris place sous des terrasses qui surplombent l’onde calme. Eclaboussés par un roulis infinitésimal, des bateaux y sont solidement amarrés à des pieux sylvicoles. Est-ce la lagune ? Est-ce Venise ? Pareils à des rives du lac de Côme, on apprécie ce temps révolu qui vit si souvent en Italie ; on se félicite que l’irréparable modernité n’ait pas affecté les abris surannés. Le chemin reprend vers la bourgade elle-même. On rebrousse les pas, tourne sur la droite, s’émerveille d’une glycine gigantesque collée à des maisons, et dont les tiges fines, longues et légères, semblent chercher le contact des visiteurs.

Un nouveau tableau… Une place, des portiques, des visages frais respirent la brise d’ouest comme s’ils se trouvaient penchés à une fenêtre ouverte. Une légère odeur de café et citronnée court dans l’air ; une cuisse par-dessus l’autre, assis, silencieux, des gens parlent avec éclats ; des inconnus se prélassent, d’autres respirent lentement, suggèrent une anecdote, racontent pour les plus actifs une histoire véritable. Asile de paix, la piazza Motta, probe, rangée, fièrement encadrée de piliers puissants, déplie ses bordées de maisons bien assises, sérieuses de la base aux combles, ouvertes par de longues lignes d’arcades rondes. Excentré, avec ses fenêtres du haut ersatzs en fresques qui simulent un intérieur et des évêques de Novare jetant des regards vers la piazzetta, le Palazzo della Comunita, l’ancien bâtiment où on administrait la justice, repose sur quatre bases angulaires solides alternées avec des colonnes en granit. On dirait un vaisseau de pierres et de briques posé sur des pilotis… On le quitte, s’en éloigne ; on rejoint la partie éventrée de la piazza où quelques bateaux suffisent à donner l’illusion d’un port.

Plus loin, la via Caire Albertoletti s’échauffe de l’air tiède qui s’élève de la péninsule. Au milieu d’un silence, la rue pentue profile la noblesse historique de ses édifices distribués de chaque côté de la voie. Elle conduit à l’église paroissiale Santa Maria Assunta, au-delà elle grimpe jusqu’au Sacro Monte constitué de ses vingt chapelles et dédié à saint François d’Assise. Des fresques, des passages couverts éventrent le bas de maisons anciennes et bourgeoises. On se retourne de temps à autre vers le lac ; on voit le Palazzotto sous une autre face ; son svelte escalier extérieur qui conduit à une loggia, son campanile qui paraît dialoguer avec le proche clocher de l’église paroissiale. Enfin, au-delà de cette civilisation, le lac, sauvage, l’île San Giulio, refuge érémitique, puis cénobite, occupe la place centrale au milieu de ce panorama…

 

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