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De Gardone Riviera à Limone

De Gardone Riviera à Limone

Le trajet suivi par l'article s'effectue sur la partie occidentale du lac de Garde

Le trajet suivi par l'article s'effectue sur la partie occidentale du lac de Garde

Gardone Rivieira

Gardone Rivieira

De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
Gardone (borgo qui domine Gardone Rivieira)

Gardone (borgo qui domine Gardone Rivieira)

Autel de la chiesa di San Nicolo da Bari (Gardone)

Autel de la chiesa di San Nicolo da Bari (Gardone)

De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
Chiesa di San Michele Arcangelo (commune de Pulciano)

Chiesa di San Michele Arcangelo (commune de Pulciano)

De Gardone Riviera à Limone
vue sur le lac de Garde et Maderno (premier plan)

vue sur le lac de Garde et Maderno (premier plan)

Gargnano. Eglise San Francesco datant du 13è siècle, suite au passage de François d'Assise au lac de Garde

Gargnano. Eglise San Francesco datant du 13è siècle, suite au passage de François d'Assise au lac de Garde

Cloître du 15è siècle

Cloître du 15è siècle

De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
Monte Baldo

Monte Baldo

Commune de Tignale. Sanctuaire de Montecastello (Madonna di Montecastello)

Commune de Tignale. Sanctuaire de Montecastello (Madonna di Montecastello)

De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone
De Gardone Riviera à Limone

 

De Gardone Riviera à Limone

 

 

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Ce qui compte n’est pas ce que nous sommes, mais ce que nous laissons…

Il y a là je ne sais quoi de jeune et de vieux à la fois dans les villages qui occupent ce rivage occidental du lac de Garde. Ce sont des longues jetées où se dressent, assez uniformes, des vaguelettes aux sommets arrondies, taillées par un vent chaleureux venus de l’Adriatique. On retrouve dans ces bourgs je ne sais quels aspects anciens, qui non seulement se révèlent dans les mœurs des autochtones, mais se découvrent encore dans les formes surannées de quelques maisons et portes cintrées. Et pourtant, à Gardone et Gargnano, ces jetées mangées sur le grand lac atteignent seulement l’âge de l’adolescence. Elles s’allongent, épousent les contours miniatures d’un vieux port. Elles jouent avec les bords des frais horizons que la mer intérieure délivre à foison. Le lac. Il est bordé de villas, coquettes. On y voit des habitations élégantes, et là-haut, par des échappées entre des maisons, on devine la silhouette de chiesas, de sanctuaires, aux toits mats qui s’éclaircissent quand le soleil fait son apparition.

Autrefois, avant que l’ingénieur autrichien Luigi Wimmer ne soit fasciné par la beauté de cet endroit et la douceur de son climat, avant que sous son impulsion enthousiaste de grands hôtels peuplent la côte entre Gardone et Gargnano, les villages vivaient reclus sur eux-mêmes, presque isolés du monde. Sur des pentes abruptes, derrière eux, l’olivier avait trouvé un terrain adéquat, des restanques aménagées de générations en générations y favorisaient une lixiviation rapide et facile, et personne ne redisait rien à cet état là. Puis le limone, citron si l’on préfère, est apparu assez récemment, vers mille-sept-cents. Il a bousculé, un peu, l’économie rurale et ancestrale. Vu comme un complément utile, il fait maintenant la réputation de la région, et les agrumes, additionnés à l’oléiculture et la pêche, activités traditionnelles, il est devenu une source de revenus conséquents. Il attire les touristes pour dire plus simplement. Sur ce bout de terre malhabile à la circulation, les désirs refoulés de touristes venus des espaces froids du nord de l’Europe s’élargissent. Ils mettent en place des constructions imaginaires autour du fruit à la saveur acide. Ils fantasment. Un peu, beaucoup… Ils associent à son coloris, son zest, les douceurs en contrepoint, et présumées, que suggèrent sa culture. Mythe induit par les représentations collectives, il est des cicérones, mal avertis, qui expliquent que cette frange de territoire doit son nom à ce fruit. La méprise, hélas, est forte, car la terminologie vient du latin, de limen, la frontière, pareille à celle que Germanicus eût à franchir pour récupérer les étendards volés par les Germains suite à la désastreuse bataille de Teutobourg. Mais laissons là les Annales, et Tacite par une occasion similaire. Réjouissons-nous de savoir que l’on a découvert dans le sang d’un autochtone une protéine bénéfique qui protège du cholestérol et des triglycérides. Prenons un peu d’altitude, allons en quête de sommets et belvédères, voyons des panoramas offerts depuis lesquels le géant lacustre s’évase vers le sud, se resserre vers le nord, accentue, sous les effets de ce rétrécissement, le souffle de l’Ora, vent méridional qui agitera la région jusqu’au coucher du soleil maintenant.

A l’image d’un caprin, pris de saltations, on entame une série de bonds pour rejoindre les vues les plus magnifiques. Au loin, vers les Apennins, visibles lorsque le temps est clément, les rives sont assez basses, puis elles se braquent bien vite, et de simples collines finissent par donner naissance à de réelles montagnes. C’est le cas vers le septentrion, où dans ce fond opaque en raison de brumes persistantes, de vagues sommets grandissent et s’accentuent à mesure que l’œil réussit à transpercer ce voile blafard. Au bas de parois à pic, parfois à nos pieds, plus de cinq-cents mètres en dévers, sur la ligne du rivage, un chapelet de villages riants, des villas, défilent avec discontinuité. Quant à l’autre rive, elle est beaucoup plus hérissée, dominée par le Monte Baldo ; une carcasse robuste qui semble à peine avoir laissé assez de marges au lac pour les quelques villages assis sur la rive, simples points blancs au pied de ces sombres falaises.

Enfin, arrivé sur une éminence plus élevée que les autres, quasiment sur le point sommital du Mont Kas, le sanctuaire de la Madonna della Stella configuré comme un assemblage de toitures en contrebas, on jette des regards curieux sur l’immense étendue bleutée, charmé par les conséquences joyeuses d’un soleil crevant çà et là le papier soyeux de l’enveloppe nuageuse, marquant sa présence de petites tâches émeraudes sur la surface unie du grand lac…

 

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