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SPAGGIA
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PETIT LAC PAVIN

PETIT LAC PAVIN

Godivelle

Godivelle

PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
puy de Sancy

puy de Sancy

PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
Lac d'En bas

Lac d'En bas

PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN
PETIT LAC PAVIN

 

Petit lac Pavin 

 

 

Malgré la tristesse de ses montagnes désertes, la terre antique du Cézallier exerce une fascination mystérieuse. A l’admiration première devant les jeux de couleurs de son ciel changeant sur ses profils austères, de lointaines perspectives ouvrent sur le Plomb du Cantal, le Puy Mary, et à l’opposé, sur la masse inerte et épanouie du Sancy. Bientôt se mêlent à l’obsédante mélancolie de vallées dénudées, des ruines de maisons englouties sous des branchages, des vestiges d’un passé oublié pour ce pays exsangue d’une jeunesse partie depuis longtemps déjà... Godivelle ! La plus petite communauté du Puy-de-Dôme ; quinze habitants abrités derrière un cône de bombes jadis incandescentes, et de pouzzolanes, scories minuscules, dont l’accumulation excessive a incliné le relief jusqu’à former une raide pente qui bouche les regards. Là haut, par-delà le mur naturel, passé une grande fontaine alimentant depuis si longtemps le village, la rougeur d’une lave ancienne donne des allures de Far West à cet endroit inhabité. Trop proche du foyer, l’écume de Vulcain s’est teintée de coloris mordorés ; lesquels s’accrochent aux semelles à peine posés les premiers pas sur son sol dénudé. Comme un glen des Highlands, une étendue lacustre a pris place dans le creux d’un cratère formé voici 113 000 ans, une pyramide de cendres excavée par une violente explosion qui a donné naissance à un maar, un gouffre béant de plus de quarante mètres de profondeur comblé par des eaux de pluie depuis accumulées. Pas de source ici, pas un de ces filets innombrables que l’on rencontre si souvent sur l’Aubrac, à la topographie si semblable, mais des reflets sombres ou émeraudes qui distinguent l’état de profondeur selon la luminosité émise par un ciel aujourd’hui morose. Une prairie d’un vert profond, grasse, mais aux tiges raides comme les dents d’une brosse, couvre le paysage, striée par moment, sur les courbes les plus abruptes du volcan, de linéaments ombrageux laissés par les cortèges répétitifs de troupeaux marchant toujours sur les mêmes itinéraires.

Un fait incongru pour ce Pavin en miniature sont l’existence d’obstacles, de barrières, fils électrifiés, que l’on a étendu autour de son périmètre pour limiter la découverte du site remarquable, pour avertir qu’ici on ne s’amuse point avec l’onde, on ne fait pas davantage corps avec elle ; celle-ci fournissant l’eau nécessaire aux villageois situés en contre-bas. Poli, respectueux des règles en usage pour un temps, on suit le parcours indiqué ; on flâne sur les bords du plan aux eaux naturelles, accompagné des sonorités émises par des vaguelettes soulevées par un vent froid, saccadé, aux rafales accélérées par les masses imposantes du Cantal et du Sancy qui activent un effet venturi… Mais bientôt on sort de la route prédestinée ; on s’extrait du chemin de ronde pour vouloir rejoindre une croix perchée au sommet du cratère et de la pente la plus affirmée. L’escalade sur la paroi, aussi inclinée que certaines routes de Cornouaille, oblige à alterner des haltes avec des courses ou marches actives. Chacun des repos sur le pan prononcé, dans un équilibre plus ou moins précaire, est l’occasion d’un regard vers l’arrière, vers le lac d’en haut, vers un autre, deux degrés plus bas, formé cette fois-ci par une moraine frontale. Et puis, avant de reprendre sa course, alors que l’on gonfle ses poumons d’un nouveau souffle, on baisse le regard ; on découvre alors des jonquilles sauvages, des pensées toutes autant climaciques que l’on prendrait pour des violettes si l’on n’en était pas averti au préalable.

Le sommet atteint, des creux géométriques plus ou moins disséminés à proximité du belvédère, font ressembler le bombement à un champ de mines. Il semble reconnaître là la présence de quelques anciennes habitations disposées à l’abri des vents dominants, des demeures sûrement à l’époque sans prétention, et envahies maintenant d’une végétation au début de sa floraison. Et au loin, depuis le point de vue irremplaçable, la physionomie des hautes terres dessinent ses plateaux ondulés, longs, déprimés, abritant parfois à leurs pieds des tourbières aux herbes déjà sèches, au jaune tranchant sur ce panorama vert ; et vers l’Orient, la Limagne achève l'horizon, ouvrant son immense couloir, sa plaine effondrée plus ou moins éclairée, parsemée çà et là de boursouflures parfois habitées…

 

Suivant : Le pays des narcisses sauvages (1)