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Utopia / Noto

Utopia / Noto

La Porte royale. C'est l'entrée de la nouvelle Noto si on peut dire. Le 11 janvier 1693, l'ancienne Noto, antique de fondation, a été détruite par un terrible et puissant tremblement de terre, qui causa la mort d'environ 1000 personnes. Immédiatement après, Giuseppe Lanza, Duc de Camastra , nommé Vicaire Général pour la reconstruction du Val di Noto, décida de reconstruire la ville sur un autre site à 8 km plus en aval, sur le versant du Mont Meti. C'est elle que l'on s'apprête à visiter, elle est classée par l'Unesco.

La Porte royale. C'est l'entrée de la nouvelle Noto si on peut dire. Le 11 janvier 1693, l'ancienne Noto, antique de fondation, a été détruite par un terrible et puissant tremblement de terre, qui causa la mort d'environ 1000 personnes. Immédiatement après, Giuseppe Lanza, Duc de Camastra , nommé Vicaire Général pour la reconstruction du Val di Noto, décida de reconstruire la ville sur un autre site à 8 km plus en aval, sur le versant du Mont Meti. C'est elle que l'on s'apprête à visiter, elle est classée par l'Unesco.

Utopia / Noto
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Utopia / Noto
Utopia / Noto
cattedrale

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Utopia / Noto
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Palazzo Ducezio

Palazzo Ducezio

Utopia / Noto
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Palazzo Nicolaci di Villadorata, à gauche

Palazzo Nicolaci di Villadorata, à gauche

Utopia / Noto
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Utopia / Noto
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Coucher de soleil sur Noto, c'est sûrement le meilleur moment pour apprécier les teintes rosâtres qui envahissent la cité à ce moment-là

Coucher de soleil sur Noto, c'est sûrement le meilleur moment pour apprécier les teintes rosâtres qui envahissent la cité à ce moment-là

Utopia / Noto

 

Noto

 

 

Précédent : L’antique cité du miel / Ragusa

 

On danse, sans musique, certains sous les pierres, d’autres sous les murs. On danse aux tremblements de l’évènement de la plus haute magnitude de l’histoire sismique d’Italie, un tsunami, catastrophe associée, noyant une partie du littoral aux environs de Catane.

On danse, et les morts se comptent par milliers, cinquante-mille pour la zone dévastée, les répercutions des secousses agitant jusqu’à La Valette ou encore un bout de la Calabre.

On danse, et comme un boxeur ébranlé de fond en comble par un coup net porté par un adversaire redoutable, la vieille Noto vacille…

Trois secousses terribles, trois coups de gongs interminables, où les immeubles s’agitent, les rues glissent sous les pieds, les façades fragiles se lézardent, se craquellent, comme une terre cuite par le soleil. A l'image d'un bateau secoué par la tempête furieuse, balloté, semblant à tout moment sur le point de couler, les mats des églises et des vieux édifices chancellent, effrayés, stupides, incapables du haut de leur vanité d’effectuer le plus simple mouvement apte à les sauver.

Triste spectacle de désolation universelle, mais où aller ? où s’évader pour sauver sa vie ? Ce sont des questions que chacun se pose, essayant de comprendre, cherchant à échapper à l’effroyable drame. A l’image d’un aven soudain ouvert sous les pieds de la vénérable Noto, ses constructions éternelles basculent une à une dans les ténèbres. Puis le calme reprend ses droits. Plus rien. Pas même le vrombissement infernal, le bruit de ce moteur trop longtemps éteint, et dégageant concomitamment ces gaz par l’embouchure du cratère de l’Etna.

Comme une tornade emportant tout sur son passage, les vents violents ont transporté le maléfice bien loin déjà, les locaux étayant des fondations précaires à l’aide de soutiens bien dérisoires. Efforts inutiles, éphémères espoirs, le surlendemain, le 11 janvier 1693, la réplique survient ; plus destructrice, plus accablante pour une population déjà sujette aux pires tourments ; et pour marquer son châtiment, pour bien faire comprendre que la vie, ici, maintenant est exsangue, mille-cinq-cents secousses intermittentes se succèdent, suggérant de leurs voix roques la quête d’un autre lieu d’habitats.

Pastorale et artisanale, dévolue aux maigres butins extraits d’un sol rocailleux, Noto, forcée, migre vers le littoral. Mendiante hâve, cortège d’indigènes faméliques s’attachant aux pas pour demander l’aumône, la ville défunte, ses habitants gagnent un territoire plus hospitalier, clément, hors des dangers de l’aléa insoupçonnable. Jadis d'une prospérité inespérée, la Capovalle si importante sous la domination arabe, de force, pratique l’exode pour une nouvelle cité surgie de nulle part, à huit kilomètres du site intitial.

Tel un mirage aux compositions alambiquées, mais toutes d’un goût semblable, le corso Vittorio Emanuele est la veine irrigant l’ensemble de l’urbanité pour partie imaginée par Grunenbergh. Elle s’orne de bâtiments de parade. Chamarrés d’ornements somptueux accrochés par-dessous des balcons, sur les poitrines de palazzi très grands, immenses, le rose et le miel à l’orée du soir donne un caractère oriental à la douce utopie reconstructrice des hommes de jadis. Pédantesque, généreuse, telle un gentilhomme exhibant sa richesse et ses vertus, les partageant, les traits mouvementés des frontons, les colonnes charnues de Santa Chiara, de San Domenico et de la cathédrale, révèlent la verve architecturale que Rosario Gagliardi et d'autres mirent pour faire jaillir cette nouvelle cité de nulle part. 

Déroulée sur une pente douce, sur le flanc d’une colline, sur un versant du Monte Meti, sa linéarité rappelle quelques villages-rue vosgiens. Les voies y sont larges, coupées à angles droits, comme des centres urbains étatsuniens copiés sur le modèle hippodamien. Chaque maison à sa porte, ouverte sur une rue perpendiculaire. Parfois accolée de portiques, ces derniers sont devenus le réceptacle de commerces, apanages de produits de luxe courus par des voyageurs en quête d’avantages comparatifs. 

Mieux pensée que Gibellina, au destin hélas comparable, deux places, convenablement disposées, soit pour faciliter les transports d’antan, soit pour abriter des meurtrissures assassines d’un soleil incandescent, accueillent, prémices d’une vie nocturne pas encore déclarée, des grands-pères sortis d'intérieurs confortables. En gardiens de la tradition, assis, immobiles, presque pétrifiés, à l’image de statues ornant les piazzas Immacolata et Maggio, leurs regards sombres adressent des interrogations aux derniers voyageurs affairés à photographier des bribes de lumière, avant que la nuit ne tombe.

L’omerta, la vendetta, ces idées sauvages de justice, où se mêlent la foi religieuse, les pratiques de superstition et les doctrines révolutionnaires, semblent se lire dans leurs yeux noirs et calmes. Sans l’obséquiosité des continentaux, ils admirent les courbes concaves et convexes des bâtiments ; le soleil, mourant lentement comme une âme ; le palazzo Ducezio, la chiesa di Montevergini, San Domenico, animés de mouvements pareils à la surface de l’eau, tantôt des reflets roses dansant sur les murs, tantôt, à demi-obscur, les frises, consoles, fûts ciselés, s’assombrissent de coloris chocolat. Une scénographie, catalyseur d’une séduction visuelle peu comparable…

 

Suivant : Siracusa (1)