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Chiusi, héritages étrusques (1)

Chiusi, héritages étrusques (1)

Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
cloître de la chiesa di San Francisco

cloître de la chiesa di San Francisco

Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
Chiusi, héritages étrusques (1)
piazza della cattedrale San Secondiano Martire

piazza della cattedrale San Secondiano Martire

dédicace du duomo

dédicace du duomo

nef du duomo

nef du duomo

fresques en "fausses mosaïques" de Arturo Viligiardi, 19ème siècle

fresques en "fausses mosaïques" de Arturo Viligiardi, 19ème siècle

Chiusi, héritages étrusques (1)
colonnes de temples romains

colonnes de temples romains

Chapiteaux d'ordres corinthiens et ioniques

Chapiteaux d'ordres corinthiens et ioniques

Adoration de l'Enfant et saints, retable de Bernardino Fungai, école siennoise, fin 15ème siècle

Adoration de l'Enfant et saints, retable de Bernardino Fungai, école siennoise, fin 15ème siècle

Chiusi, héritages étrusques (1)
Musée archéologique national de Chiusi

Musée archéologique national de Chiusi

 

Chiusi, héritages étrusques (1)

 

 

Précédent : Cortona (4)

 

 

La pluie… Larges gouttes glissant de feuilles en feuilles et butant sur les parois vitrées d’un véhicule, les blanches dentelles s’évacuent sous le souffle d’une voiture brisant l’air roulé en de gros nuages noirs. Précipité dans l’univers à la crinière brune, Montepulciano derrière moi, la Toscane, douce topographie, se mue en une vallée fendue par une route rectiligne infinie divisant en deux parties égales un paysage aux contours de plus en plus vagues.

Presque éteint, le flambeau solaire peine à percer la masse opaque, et seules, par intermittence, de rares étincelles allument les réverbères d’un pays plongé sous un voile vaporeux insondable. Brouillard tenace perçu comme une menace, bientôt un tertre orne la sommité d’une colline anecdotique. Sorte de tâche brune effacée sur un fond cendré au départ, le signal, sans phares ni bâtiments ostentatoires, matérialise une vieille cité introvertie, un bourg depuis longtemps détourné du monde extérieur. Replié sur lui-même, farouche dans ses rêves de grandeurs désuets, l’aïeul vit renfermé dans une solitude, silencieux, attentif à distance aux brouhahas de touristes hédonistes occupés à venir apprécier les fruits des pampres locales, ignorants souvent de l’existence d’un tel village dans les parages.

Ville vivante, ville des morts enfouis dans ses entrailles, sans les bruits provoqués par une matinée trop maussade, la cité déroule ses pavés en basaltes. Témoins de vanités millénaires, aujourd’hui déserts, les clameurs d’antan se sont évaporées sur les plaques scintillantes d’humidité ; et, de loin en loin, derrière un mur, par-delà une façade, dans un square, le regard ranime des colonnes, chapiteaux, épigraphies romaines, redonnant ainsi une vie inespérée à ces mémoires exposées aux éléments, à ces bouts de vestiges honorifiques, disant combien la lucumonie, jadis gouvernée par Porsenna, a un âge reculé.

Maintenant son prestige perdu presque concomitamment à l’acmé de sa renommée, suite à sa victoire sur la République romaine, Chiusi a choisi une vie tranquille, le calme, reléguant à d’autres jeunesses plus dynamiques son rôle ancien de capitale. Unique entrave à la quiétude quotidienne, il y arrive des groupes de touristes, des originaux, parfois s’étant mis en tête de retrouver le trésor de Porsenna, pour arpenter son sous-sol. Amateurs frémissants aux vents provoqués par des cloisons pas toujours étanches, dans la glaciale lumière de souterrains, les bruits sourds de leurs pas accompagnent les dégagements soufrés d’une pierre fétide. Ils découvrent aussi, à l’improviste, des cimetières sans croix, sans tombes, ni cercueils, des catacombes de premiers chrétiens, des hypogées étrusques encore plus loin…

Monde de macchabées aussi stimulant qu’il est inquiétant, l’intérieur du duomo ravive ces existences naufragées et oubliées. Les murs couleurs geais, couverts comme par un linceul un jour de funérailles, poussent à y voir les poussières humaines des innombrables urnes étrusques de la région, jetées à la volée, collées comme de la suie sur les parois de la nef et des collatéraux perdus aujourd’hui dans un trop-plein d’obscurité angoissante… Guidé par le frôlement de doigts caressant chacune des colonnes antiques des bas-côtés, la progression tactile efface peu à peu le crépuscule froid de la basilique paléochrétienne. Et comme un mineur plongé trop longuement dans les profondeurs de la Terre, l’air libre a la vertu d’écarquiller les narines, d’élargir la capacité des poumons, de requinquer, par un surplus d’oxygène, tant la respiration soutenue était devenue un acte étranger en ces milieux cloisonnés.

Alerte à nouveau, on se projette alors vers le musée, attraction principale de la cité…

 

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