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La colline de l'Aventin

La colline de l'Aventin

forum républicain

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aqueduc de Claude

aqueduc de Claude

Circus maximus

Circus maximus

La colline de l'Aventin
La colline de l'Aventin
baignoire provenant des thermes Decianoe situés sur l'Aventin (3ème siècle), et réservés à une clientèle aisée

baignoire provenant des thermes Decianoe situés sur l'Aventin (3ème siècle), et réservés à une clientèle aisée

La colline de l'Aventin
campanile de la chiesa Santa Sabina. Elle date de 430 et reste le meilleur vestige des églises paléochrétiennes à Rome

campanile de la chiesa Santa Sabina. Elle date de 430 et reste le meilleur vestige des églises paléochrétiennes à Rome

colonnes en marbre de Paros qui, jadis, ont appartenu au temple de Diane élevée sur l'Aventin

colonnes en marbre de Paros qui, jadis, ont appartenu au temple de Diane élevée sur l'Aventin

La colline de l'Aventin
tombe en mosaïques du maître général dominicain, Munoz de Zamora, mort en 1300

tombe en mosaïques du maître général dominicain, Munoz de Zamora, mort en 1300

La colline de l'Aventin
La colline de l'Aventin
La colline de l'Aventin
La colline de l'Aventin
La colline de l'Aventin
dédicace en mosaïque de l'église

dédicace en mosaïque de l'église

La colline de l'Aventin
porte du 4ème siècle de l'église

porte du 4ème siècle de l'église

La colline de l'Aventin
La colline de l'Aventin
vue sur Rome depuis l'Aventin

vue sur Rome depuis l'Aventin

La colline de l'Aventin

 

Sur l’Aventin

 

 

Précédent : Les remparts de Rome

 

 

Le soir s’avance... Les ombres longues noircissent les façades et rendent lugubres les vestiges de Rome qui entretient l’ambigüité d’un calme campagnard au milieu du fracas et du brouhaha. Rien ici, seulement le silence, la solitude des premiers contreforts de l’Aventin ; puis le grouillement des foules sur les fori et à côté du Coliseum ; enfin, après une rue vivante et bruyante, on débouche tout à coup sur une étendue déserte, presque herbeuse, où quelques ânes, des bœufs, pourraient trouver place tant le caractère champêtre prend le relais des us d’une vie citadine.

D’un monument à un autre, maintenant on chemine un quart-heure entier à travers un grand espace vague. On y aperçoit quasi âme qui vive, juste un chien, activé par des occupations de fin d’après-midi, par un maître, lui lançant à la façon d’un javelot, une balle sur l’emplacement de l’ancienne spinea du grand Cirque. Il y a longtemps que les quadriges ne parcourent plus l’ellipse immense sous les cris de trois-cents mille spectateurs assis sur des tribunes plus ou moins confortables ; et, sous le couvert de pins parasols aux senteurs résineuses, sans l’utilité de leurs frondaisons protégeant des effets dardant du soleil, on commence à gravir une colline, une de ces régions solitaires, accolée aux flancs de la ville dite moderne et du Tibre.

Randonneur le temps de cette ascension, on aboutit à un plateau, solitaire également. Un square, gazonné, rustique, occupé par des familles et des jeunes s’échangeant des tendresses, affairés à leurs vies retirées, loin du bruit, aux confins de l’ancienne cité.

Moins élevée que les autres protubérances romaines, l’Aventin, coupée des autres hauteurs par la vallée du Vélabre et la dépression du Cirque, se dresse à pic au bord du fleuve, en aval de tout le territoire où Rome est bâtie. Commandante de la vieille voie entre Etrurie et Sabine, des vieux ports aussi, à son point culminant, la sobriété de la chiesa San Sabina commémore sa fonction d’accueil de la Plèbe, avant qu’elle ne fût absorbée dans le périmètre du pomérium. Une vieille bouche, grotesque, à la source tarie, et crachant un liquide sordide, mélange de boue et de pluie, rappelle avec sa baignoire antique, que le lieu d’opposition aux prétentions patriarcales palatines, fut le centre d’une vie mondaine antique. Peut-être, pour le récipient, reliquat des thermes Decianoe réservées à une clientèle raffinée ne voulant guère se mélanger au peuple concentré dans les thermes de Caracalla, un portique à côté, des plus modestes, guide jusqu’à la grande porte en cyprès de l’édifice cultuel. Bien sculptée, protégée à sa base par une vitre plastique, le travail révèle des scènes des deux Testaments, un art propre à un christianisme primitif influencé par les rites orientaux. Ouvrage de patience manifeste, l’ouvrier semble s’être inspiré de bas-reliefs de sarcophages antiques. Puis, les vantaux entrouverts dépassés, l’univers sépulcral d’une grande nef centrale plonge dans le noir.

Hypogée hors de terre, mysticisme paléochrétien le mieux conservé de la capitale, presque à tâtons on en viendrait à chercher la présence d’un interrupteur. Comme lors d’une promenade sous un croissant de Lune, la brillance pâle se reflète sur le dallage grisâtre du grand vaisseau, pareil à une mer calme éclairée par le satellite esclave. L’intérieur scandé par vingt-quatre colonnes en marbres de Paros cannelées, avec leurs bases et chapiteaux corinthiens, on se croit presque revenu au temps où la Cybèle Artémis possédait son temple non loin de là.

Fixée, le sourire froid, la colonnade encadre les ambons qui précèdent une abside au front lumineux comme un soleil. Et parvenu au surplomb de la pierre tombale d’un maître dominicain, ordre auquel le couvent appartient, une volte laisse apercevoir au revers de la façade une mosaïque azurée sur laquelle est écrite, en lettres d’or, la dédicace de la chiesa.

Paresse du soir, rêve d’une beauté grave, les douces avalanches mourantes de la lumière irisent le message et les fûts antiques de reflets d’opales. Des visions blanches, des vues magnifiques sur un passé prestigieux, entrecoupées de noirs, où souffle toujours le souvenir de la gloire de Rome…

 

Suivant : Isola Tiberina