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Piazza Navona (4)

Piazza Navona (4)

Piazza Navona (4)
palazzo Pamphili, aujourd'hui ambassade du Brésil

palazzo Pamphili, aujourd'hui ambassade du Brésil

Piazza Navona (4)
Piazza Navona (4)
fontaine dite des Maures, du Bernin

fontaine dite des Maures, du Bernin

Piazza Navona (4)
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Piazza Navona (4)

 

Place Navone (4)

 

 

Précédent : Piazza Navona (3)

 

 

Que les mots semblent insignifiants pour résumer une œuvre d’une telle grandeur…

Pris par le temps, on abandonne les eaux cristallines pour rejoindre l’ultime partie de la piazza à découvrir. A contresens, tels des corps métalliques attirés de façon irrésistible, les masses de voyageurs approchent de la fontaine, comme s’il s’agissait d’un aimant. Traversant les agglomérats de ces individus, leurs paroles crépitent d’émotions face à la réalisation du Bernin ; elles s’envolent en milles intonations chargées d’un flux électrique qui les relie et signale l’admiration.

M’échappant du magnétisme, bientôt, la découverte de la piazza Navona se poursuit tout en prenant ses distances avec l’ornementation prolifique de la fontaine, les clochers flambants, et la façade composite de Sant’Agnese. On longe le palazzo Pamphili, l’ambassade du Brésil aujourd’hui. La vaste demeure fut érigée en 1650, par Innocent X, sous la direction de Rainaldi, au moment où cette famille provinciale fit de la place un îlot dédié à sa gloire. Jadis riche en statues, en tableaux, le bâtiment a perdu ses splendeurs et, maintenant, il faut se borner à étudier ses fresques de la galerie peintes par Pietro di Cortona.

Néanmoins, pour les curieux, comme moi, il reste un témoin privilégié de la grande vie aristocratique romaine passée, celle d’un vieil homme, pape à soixante-dix ans, qui employa la meilleure partie des revenus de la Curie à fonder sa famille. Pourvoyant généreusement les enfants de ses sœurs et frères, l’expérimenté bonhomme savait la place viagère, et il l’exploita aussi au plus vite, répandant ses prodigalités sur son entourage. L’Etat, dans l’attente de Locke, était alors perçu comme une propriété dont on pouvait user et abuser.

Or le visage de ce vicaire du Christ m’est connu. Vélasquez a réalisé un portait de lui qui passe pour un prodige de l’art, visible au palais Doria-Pamphili, et qu’on porta à l’époque en grande pompe à la procession dans les rues de Rome. Le peintre espagnol sut renouveler à cette occasion l’illusion qu’avaient produits les portraits de Léon X, par le Sanzio, et de Paul III, par le Titien.

Le souvenir toujours vivace de ses traits m’accompagne d’ailleurs jusqu’aux abords de la fontaine des Maures, une autre prouesse du Bernin.

Sous les claquements d’ailes de pigeons, et mouettes, se disputant la primauté d’un repos sur le crâne d’un Ethiopien en lutte avec la queue d’un dauphin, quatre tritons, à genoux, s’évertuent à souffler dans une double corne pour en faire jaillir les filets liquides de l’antique aqua virgo. Les virgules de faibles amplitudes, finies en gouttelettes individuelles avant de disparaître dans les eaux d’un bassin, dessinent des arcs éphémères opposés aux crachats de mascarons disposés sur un ourlé en marbre retenant les eaux en excès.

Puis l’horizon entravé par la masse imposante du palais Braschi, la place se termine. Epilogue, prolongation d’un art de la rue que l’on ne voudrait jamais voir s’éteindre, on longe les murs de la sombre bâtisse pour la placette Pasquino. Lieu des quolibets d’un ancien tailleur éponyme s’amusant à railler chaque marcheur qui déambulait devant sa boutique, la tradition s’est perpétuée sous la forme de satires, collées sur le torse d’un Ménélas, héros de l’Iliade, resté longtemps au milieu des substructions de l’ancien stade Domitien jusqu’à être exposé dans ce coin…

 

Suivant : Portrait d'Innocent X par Diego Vélasquez