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Chapelle Contarelli (2) / Caravaggio

Chapelle Contarelli (2) / Caravaggio

Le martyre de saint Matthieu, Caravage, 1599-1600, huile sur toile de 322 x 340 cm

Le martyre de saint Matthieu, Caravage, 1599-1600, huile sur toile de 322 x 340 cm

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Chapelle Contarelli (2) / Caravaggio

 

Chapelle Contarelli (2) / Caravaggio

 

 

Précédent : Cappella Contarelli (1) / Caravaggio

 

Pour Maëlys

 

La poudre… mélange d’acide, de potasse et chlorate. La poudre… salpêtre, charbon, additionnés à de la potasse… A l’image d’une suie laissée par une explosion survenue d’un coup ; on ne sait quand ; malheureux évènement situé, selon la légende, en Ethiopie, et dont la cause fut le roi Hirace confondu par l’apôtre pour ses vues illicites sur la fille d’Hégésippe ; au cœur de la scène brune, un bourreau surgit en furie, déchaîné, prêt à abattre l’évangéliste déjà à terre. Enflammé par le démon, c’est comme si toute la provision de poudres en lui sautée à la vue de l’officiant ahuri. L’entourage renversé par la formidable intervention, meurtri par les éclats de cette ire, se propulse vers les extrémités de la toile, fuit les yeux rougis de colère du sicaire brandissant son sabre.

Le saint poignardé réfugié à terre, au pied des degrés de l’autel, les débris hachés de sa conscience à mi-chemin entre le réel et l’éther, il attend incrédule le coup final que portera l’assassin. Dans l’assistance… Réunie pour une messe en ce temple si semblable à une église romaine, inutile, insolente, comme ce hobereau qui d’un geste affecté remet sa lame dans son fourreau, une partie de l’assemblée reste inerte face à la déflagration causée par l’entrée imprévue. Moins lâches peut-être ? Sûrement en raison du bruit tonitruant, par sursaut, dans un état de peur continu, pour se mettre à l’abri des résidus projetés par la colère du tueur, d’autres soulèvent les bras en signe de stupeur et d’horreur. Ainsi forcés de révéler leur état de frayeur sous une lumière qui perce un entrebâillement juste au droit de leurs postions, ils frissonnent, éperdus, les chevelures ébouriffées, la tête terrifiée, jetant des regards vers le bourreau, vers saint Matthieu bientôt assassiné.

Cruelle désintégration violente et instantanée, l’ombre flotte sur la scène frémissante. Elle entaille le corps nu du bourreau, joue sur le surplis de l’enfant de chœur qui s’enfuit sur la droite ; elle enroule, opulent pétale, l’angelot qui se penche du haut d’un épais nuage et tend la palme du martyre. L’éloquente noirceur s’étend sur la toile. Et malgré les tourmentes de son obscurité, elle n’arrive pas à cacher les grâces de l’esprit, les charmes d’un langage fluide, les agréments d’une tonalité pauvre et dégradée à l’infini. Ainsi, les dons de séduire et de plaire s’épanchent… Perfidie, horreur, orgueil, amour… unis ici dans des âmes violentes, des cœurs dépravés, la nuit, le mal, luttent contre le jour prochain, la lumière, l’espoir, l’attente avec confiance de quelque chose de favorable.

Et, avant de parcourir la dernière étape du cycle fantastique, l’œil se pose sur l’exécuteur, froide cruauté, chargé d’infliger la peine de mort…

 

Suivant : Cappella Contarelli (3) / Caravaggio