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Torri del Benaco

Torri del Benaco

Torri del Benaco, sur la rive orientale du lac de Garde

Torri del Benaco, sur la rive orientale du lac de Garde

Torri del Benaco
Torri del Benaco
Torri del Benaco
Torri del Benaco
Torri del Benaco
Torri del Benaco
L'ancienne Tulles, capitale de la population rhétique des Tulliassi, à l'époque romaine, Torri del Becano était un centre important grâce à sa position stratégique, sur la route lacustre qui reliait Peschiera à Riva del Garda. Ensuite peuplée par les Lombards, ils construisirent le château qui, ensuite, sous la municipalité de Vérone, les Scaligeri, fit reconstruire le château que l'on voit aujourd'hui

L'ancienne Tulles, capitale de la population rhétique des Tulliassi, à l'époque romaine, Torri del Becano était un centre important grâce à sa position stratégique, sur la route lacustre qui reliait Peschiera à Riva del Garda. Ensuite peuplée par les Lombards, ils construisirent le château qui, ensuite, sous la municipalité de Vérone, les Scaligeri, fit reconstruire le château que l'on voit aujourd'hui

Torri del Benaco
Torri del Benaco
Stèle datée du 16e siècle, en l'honneur de Domizio Calderini (1446-1478, comme indiqué au bas de la stèle), un humaniste, philologue, né à Torri del Becano, qui côtoya Marcel Ficin, et mourut de la peste.

Stèle datée du 16e siècle, en l'honneur de Domizio Calderini (1446-1478, comme indiqué au bas de la stèle), un humaniste, philologue, né à Torri del Becano, qui côtoya Marcel Ficin, et mourut de la peste.

Torri del Benaco
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Torri del Benaco
Torri del Benaco
Piazza della chiesa, avec à droite la tour du roi lombard, Berengario Ier, lequel développa un système défensif pour protéger la ville (vers 905)

Piazza della chiesa, avec à droite la tour du roi lombard, Berengario Ier, lequel développa un système défensif pour protéger la ville (vers 905)

Torri del Benaco
Torri del Benaco
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Torri del Benaco

 

 

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Les ombres dans les montagnes, une douce solitude, au pays de l’olivier roi, Torri del Benaco, village-rue, s’étire en ligne droite. Bordé d’un côté par le lac, le corso Dante Alighieri comme colonne vertébrale, des ruelles chassent sur les bords de ce cardo maximus selon les principes de l’angle droit. Bien que doté de réels attributs architecturaux, le borgo est vide de touristes. Peut-être ayant subi les mêmes influences néfastes que les pseudo-critiques professent au sujet de l’art, sûrs de leurs itinéraires, ils ont évité le lieu, vont, passent vite, se destinent à des courses vagabondes que d’autres, hélas, au préalable, ont défini pour eux. Nullement chagriné, davantage à la joie de cet isolement inattendu, on goûte le bonheur d’être seul. Ilôt tranquille donc, on s’enfonce dans Torri del Benaco, sachant d’ores et déjà qu’il est rarement mis en tête des écrits relatifs à cette région. Surprise ! Sur une signalétique, on s’étonne d’y découvrir que ses origines se perdent dans la nuit des temps, et, bien qu’on ne prétende à aucune vocation d’historien, curieux, on s’enquiert des sursauts du destin qu’a connu cette limite d’œkoumène. Polybe ayant défini cette notion, on constate qu’une présence humaine s’y signala deux-milles ans avant notre ère. Puis, Torri devenu une part de l’Empire romain vers la fin du premier siècle, on regarde la tour occidentale du castello, l’aménagement du port qui la jouxte, plus tard, on en fera de même avec le quartier du Trincero, chacun étant des témoins vivants de cette mainmise issue du Latium sur ces territoires considérés alors comme cisalpins. Ainsi, sans le vouloir, parti sur les sentiers de l’histoire, on remonte le temps, croise les Goths, sans doute des Wisigoths et Ostrogoths. On prolonge avec la venue des Lombards, de même que les Francs qui, définitivement, mirent un terme aux velléités des Alamans à l’égard de la Botte, de la plaine padane tout du moins. La bataille sur ce lac entre les Romains et cette peuplade évacuée sous la forme d’un retour vers Don Cassius, on franchit allégrement un millénaire jusqu’à l’intrusion des Hongrois, jusqu’au roi d’Italie, Berengario Ier, lequel, vers 905, fit construire des murs autour de la cité, et dont une tour sur la Piazza della chiesa est le dernier vestige. La plupart des églises remontant au moment où la « Stupeur du monde », du moins ses troupes, passèrent à proximité de la cité, après on trouve le schéma habituel, presque coutumier maintenant, des successions de dynasties entrevues par ailleurs. D’abord, on a les Scaligeri, Véronais bien sûr, lesquels créèrent un quai fortifié, le château, toujours dressé. Mais il faut croire que ces préparations défensives furent bien fragiles, car une alternance de domination s’effectua assez vite, entre les Visconti et Da Carraras, sur cette rive. Défaits eux aussi, la République de Venise imposa son hégémonie, dès 1405, donnant le titre prestigieux à la ville de Gardesana dell’Acqua, c’est-à-dire la tête d’une fédération de dix communes chargées de réprimer le commerce interlope, de répartir la charge fiscale, le tout chapeauté par la « fille aînée de la République » située sur l’autre rive.

Chemin faisant, déroulant cet historique à la façon d’un phylactère, le regard amadoué par la présence d’anatidés, de bougainvilliers aux fuchsias éclatant, la lecture d’une stèle fait émerger ce respect muet et sérieux qui existe quand on se trouve en présence d’un chaînon de la civilisation oublié depuis longtemps. La Botte ayant cette propension incroyable à ressusciter le passé, à avoir, quasiment, dans chaque lieu, soit connue la naissance, soit vue le passage, d’un personnage illustre, ici, c’est à un humaniste que l’on se confronte, Domizio Calderini, dont on dira, afin que sa mémoire ne soit pas totalement éteinte, qu’il fut un philologue émérite, publiant un commentaire sur les épigrammes de Martial et, surtout, une transcription des Punica de Silius Italicus.

Mais maintenant, alors que l’on débarrasse de cette gnose gênante, alors que l’on se lave les yeux devant des fresques aux coloris passés représentant quelques récits évangéliques, alors que l’on dépasse un vieil habitué lisant les pages roses de son journal sportif, ouvert à la rubrique volley, on s’invite sur les bords du lac, suit la jetée, loin, très loin, vers le nord, puis rebrousse chemin, rêvant presque au sommet de vagues engourdies, mi-chaudes, couronnées d’écumes ; des créations éphémères qui me suivent jusqu’au vieux port de la cité…

 

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