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SPAGGIA
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CHAMBORD (3)

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cuisine du château

cuisine du château

CHAMBORD (3)
CHAMBORD (3)
CHAMBORD (3)
CHAMBORD (3)
chapelle

chapelle

poêle faïences de Dantzig

poêle faïences de Dantzig

CHAMBORD (3)
buste de Molière

buste de Molière

tapisserie d'après carton de Jules Romain

tapisserie d'après carton de Jules Romain

 

Chambord (3)

 

 

Précédent : Chambord (2)

 

 

... Instruit des subtilités de la savante construction, des va-et-vient s'effectuent au sein de l’escalier d’apparat. Tantôt, le regard se jette par-dessus le trou béant du pilier central, tantôt il se lève vers le plafond, supposant la spirale périphérique qui s'enroule jusqu'à cet acmé. Chaque ouverture est l’occasion d’un jeu distrayant, car, une fois les linteaux de l'escalier franchis, comme si on se trouvait en haut d’une échelle de toboggan, on s'enfonce dans une autre entrée, se laisse glisser sur les degrés descendants, genoux déverrouillés, pointes de pieds délivrées, s'imaginant que chaque pas reproduit le cheminement d'un François Ier, de Charles Quint ou Louis XIV, lesquels gitèrent ici par le passé. La belle gymnastique se réalise plusieurs fois, jusqu’à ce que la fatigue entamant la hardiesse d’aller-retour, les muscles ankylosés, on se décide à atteindre le sommet de la voûte, à s’enfoncer en un corridor plus étroit scintillant de verrières diffusant une couleur sirupeuse. Les terrasses ! Fééries d’excroissances aperçues à l'arrivée, elles ondulent, se festonnent d'un amalgame de fenêtres géminées, de dômes ardoisés, d'un campanile parachevant l’effet pyramidal, ultime lanterne dressée vers le ciel et soutenue par huit arcs-boutants ornés de F et salamandres, triomphant tel un fanal.

Ainsi, sur ce lieu le plus difficile à traiter, parce que le moins accessible, le plus élevé, la plus grande richesse, l’imagination la plus fertile, s'épanchent. Sans modèle, jamais reproduit ensuite, le belvédère s’érige de cheminées dont la distribution désespère toute tentative d’explication rationnelle. Eloigné des réalisations moyenâgeuses de la partie basse, c’est là que le castel intègre son caractère le plus novateur. La quantité de couvertures, campaniles, conduits de maçonnerie, camaïeux et mosaïqués, est incroyable, portant des fleurs-de-lys, des génies ailés, des chevaliers armés ; un lieu d’apparat, un lieu où l’architecture a épuisé tous ses prestiges...

Noyé dans ce paysage artificiel, on se rabat sur sa lisière, suit la rambarde extérieure. Le regard rêveur, les environs buttent sur la forêt impénétrable, le Cosson, ceinture aquatique calme, au cours guidé par des terrasses végétalisées. Chaque tour s'achève par un dôme surmonté d'une lanterne, renferme son escalier à vis. Puis l’agréable déambulation conduit à une aile, puis à la seconde, deux bras étirés comme un transept rattaché à une nef et pensés à la façon de loggias. Aux extrémités de ces deux bras, les maîtres d’œuvre y ont respectivement placé deux beaux escaliers à coupoles soutenus par des cariatides. Et c’est vers l’un d'eux que l’on s’avance maintenant, redescendu de son perchoir pour l'occasion. Trajet faisant, une lecture instruit que pas moins de treize grands escaliers parcourent de fond en comble le vaste édifice, que quantités d’autres, plus petits, plus secrets, circulent dans l’épaisseur de murs à l'abri des regards indiscrets.

Les marches de cette nouvelle prouesse architecturale gravies, une des galeries étire des murs au-delà de la normalité, donne la sensation d'un couloir interminable. Dans l’ambiance monacale qui émane de ces murs pâles, des bois, têtes de cervidés évoquent la première fonction du château, les plaisirs cynégétiques d'une cour alors nomade, jusqu'à l'entrée de la chapelle castrale. Achevée par Henri II, sans autels ni tableaux, des salamandres ciselées au sommet de colonnes sont les principaux reliquats de prouesses artistiques perdues. On abandonne le lieu cultuel assez vite. On divague, déambule... Un avant-corps de logis révèle un oratoire aux caissons semblables à ceux des Salles de Gardes du second étage, et, au hasard de vastes pièces et couloirs, la variété de huit-cents chapiteaux, principaux détails fantaisistes, font regretter le temps où si somptueusement décoré de tapisseries, meubles et peintures, le château possédait parmi ses réalisations les plus appréciables de belles fresques de la main de Jean Cousin, une collection de portraits des savants grecs réfugiés en Italie après la prise de Constantinople. Alors que des tapisseries de l’Histoire de Scipion, presque contemporaines de François Ier, apportent du réconfort à l'amateur d'art, alors que l’une d’elle, Les Bœufs et les Eléphants, réalisées d’après un carton de Julio Romano, évoque en filigrane le Sanzio, alors qu’un poêle en faïences camaïeux violacés, installés par le maréchal de Saxe, fait voyager dans l’ancien pays des Junker, à Dantzig, là où il fut confectionné, on comprend, l’esprit mûri par cette belle expérience, ce qu' a été une des particularités de la Renaissance dite française ; des emprunts très nombreux à l’Italie ; un mélange aussi, à un conservatoire de formes anciennes, médiévales ; une singularité ?…