Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
SPAGGIA
SPAGGIA
Menu
LE CAUSSE DU LARZAC (5)

LE CAUSSE DU LARZAC (5)

LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
Pas d'Escalette

Pas d'Escalette

LE CAUSSE DU LARZAC (5)
Saint-Eulalie-de-Cernon

Saint-Eulalie-de-Cernon

LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
commanderie

commanderie

LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)
fresques

fresques

salle d'honneur

salle d'honneur

clef de voûte salle d'honneur

clef de voûte salle d'honneur

LE CAUSSE DU LARZAC (5)
LE CAUSSE DU LARZAC (5)

 

Saint-Eulalie-de-Cernon

 

 

Précédent : Le causse du Larzac (4)

 

 

Traversant à nouveau le vaste plateau en direction du Caylar, vers l’Occident, on voit çà et là des champs entourés de murets où ne poussent que des chardons, quelques herbes rares constamment broutées par les dents de troupeaux qui ont remplacé des populations parties depuis longtemps vers d’autres horizons. Dans cette solitude, les fermes, des maisons isolées aussi, même des hameaux, sont dépeuplés ; leurs vieilles poutres et ardoises ayant été retirées en raison de leurs valeurs, leurs murs s’en ébranlant peu à peu.

Plus froid que la Séranne quand il se couvre de neige en hiver, plus agité que les falaises du Ponant quand il est balayé par les vents violents, le Larzac, pays de sécheresse, de stérilité et de soif, cache sur ses bordures des havres de verdures qui paraissent des paradis en comparaison à sa désolation. Parfois dans ces bouts du monde, il se forme des sillons gigantesques, des vallées encaissées ouvertes comme des entonnoirs, qu’irriguent des rivières alimentées par des réservoirs souterrains libérant leur trop plein aux pieds de ces murailles. Du haut de ces belvédères, comme du sommet du Pas de l’Escalette, au pied duquel se déchaîne la Lergue après tant de frustrations, on retrouve les paysages familiers du Rouergue, ou encore du bassin de Lodève…

En bas, là-bas, dans ces fonds verdâtres, il semble que tout rit et chante comparativement aux complaintes des vastes étendues désolées qui se développent autour de moi. C’est une vie nouvelle qui s’en échappe. Et il suffit de dévaler une raide pente sinueuse et caillouteuse pour, parfois, se trouver nez-à-nez avec une marqueterie multicolore composée de vignes, d’arbres fruitiers, de champs de seigles et froments par encore mûrs pour la moisson. Dans ces cirques déblayés de leurs débris inutiles, on peut même y voir un village féodal, comme à Saint-Eulalie-de-Cernon. Un bourg posé sur l’emplacement le plus bombé de la vallée, blotti comme dans un nid entre des falaises à pic, et qui s’enorgueillit de tours multiples dressées comme des stalactites. Issu d’une donation du prince d’Aragon, comte de Barcelone, Raymond-Bérenger, en 1159, les Templiers en firent leur commanderie pour gouverner tout le reste du Larzac. Aussi, bien qu’isolé des territoires dont il assura la gestion, peu de surprise à voir autour du vieux lieux de pouvoir des remparts, toujours intacts, juste brunis par les affres du temps, et qui feraient presque ressembler le site à un petit Aigues-Mortes.

L’ombre d’une arche, percée sous la plus haute des tours, serre de portail pour pénétrer dans le village. Sans bruit, sans individu capable de renseigner sur l’itinéraire à suivre, on s’enfonce dans ce qui semble être la seule rue de la bourgade. De part en part, les parois défensives cernent le paysage, jusqu’à ce qu’une place à la physionomie toute provençale dévoile une fontaine alimentée par quatre filets d’eau échappés d’un bassin surélevé. Par-derrière ce décorum encadré de platanes centenaires, une église à l’entrée étrange, sans transept, mais avec une ornementation renaissance et bombée comme une rotonde, indique que l’on a inversé l’ordre de l’agencement initial, le chevet assurant maintenant l’accès à la nef centrale. Puis, juste à côté, collée, et sa façade supportée par des contreforts dignes des plus vieux monuments cultuels, la résidence des chevaliers honorés de la dignité de commandeur des ordres Templiers, puis Hospitaliers, étirent sa masse virile jusqu’à une tour, dite de la quarantaine, servant jadis de grenier aux moines-soldats. Quelques marches gravies à l’intérieur du bâtiment, un coup d’œil sur une cour quadrangulaire, une salle aux fresques naïves présente des vertus théologales scarifiées de multiples graffitis. Enfin, la pièce d’apparat, l’ancien réfectoire, la salle d’honneur également, au pavage d’époque éclaire une clef de voûte énigmatique aux visages défigurés, aux bouches béantes, comme prêtes à cracher leurs billes, et sous laquelle, peut-être ?, le grand maître de l’ordre de Malte, Jean de La Valette Parisot, décida-t-il de fonder une nouvelle cité portant son nom sur l’île que leur avait légué Charles Quint…