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Vulcano, le volcan par excellence

Vulcano, le volcan par excellence

Vulcano

Vulcano

Vulcano, le volcan par excellence
Vulcanello et île Lipari derrière

Vulcanello et île Lipari derrière

soufre

soufre

Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
boue efficace contre les rhumatismes notamment

boue efficace contre les rhumatismes notamment

Vulcano, le volcan par excellence
sources de gaz hydrogène et de souffre en ébullition

sources de gaz hydrogène et de souffre en ébullition

Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Le Vulcano

Le Vulcano

Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
vue depuis le bord du cratère sur l'archipel éolien

vue depuis le bord du cratère sur l'archipel éolien

fumerolles

fumerolles

Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence
Vulcano, le volcan par excellence

 

Vulcano, le volcan par excellence

 

 

Précédent : Taormina

 

Dépêche : « Nuit du 3 au 4 août 1888, du cratère du volcan, on a vu apparaître de la fumée noire, illuminée par de fréquents éclairs de décharges électriques. Et avec des détonations progressivement pressantes, l’intensité éruptive a augmenté, si bien qu’à l’aube, vers 4 heures 30, de fortes explosions ont commencé, qui à de courts intervalles ont donné de très fortes projections de vapeurs, de cendres et de rochers enflammés, qui tombant sur un rayon de deux kilomètres à partir du centre du cratère, ont causé des dommages sur tout le côté nord. Les blocs qui tombaient comme de la grêle, dont certains étaient volumineux jusqu’à un demi-mètre cube ou plus, ont percé les toits, mis le feu aux dépôts de soufre accumulés dans les entrepôts, çà et là dans les vignes, dans les bois d’ajoncs et de plantes arboricoles ». 

La Sicile disparaît peu à peu dans les limbes d’un brouillard matinal. L’estomac chahuté par le roulis d’un hydroglisseur déchaîné, le coude sur le rebord de la cabine pour se stabiliser, comme des larmes des gouttes s’effilent le long d’un hublot opaque. Les entrailles actives comme une trompette entonnant une musique sérielle, seule la vue du brun de la mer, ombragée par un plafond bas, atténue les dissonances émises par un ventre trop au travail. 

Proche de la première des îles de l’archipel, pourtant identique à une mise en garde, mais dans l’instant plutôt perçu comme un sauf-conduit pour les intestins, des nuages s’amoncèlent par-dessus Vulcano. On approche, placide, surtout impatient à l’idée de retrouver la terre ferme, aussi les aventures d’Ulysse à Lipari, l’antre de Vulcain et des cyclopes Brontes, Stéropes et Pychamon, cachée sous Vulcano, ces idées, eu égard à une agitation ventrale excessive, ont autant d’effets qu'une récitation de Mallarmé qu'on lirait à la fin d’un repas vinifié. Vit-on alors, s'interroge-t-on, le requiem d'ardeurs pour Virgile et Homère qui ont entraînés jusque-là ? 

Mais il faut croire que la résidence du dieu païen possède des vertus thérapeutiques. D'une aide bénéfique, son contact remet un peu d’ordre dans les pensées et l'estomac. Le chahut de la traversée ayant laissé quelques traces, effectuant des premiers pas, rien ne paraît plus noir que ses plages, où les vagues et le feu du volcan semblent s’être associés pour y amonceler un amas de particules identiques à une poudre de canon mélangée à de la suie. Triste pays oublié des dieux, se dit-on. Touché par la colère des éléments, même le frêle détroit d’autrefois entre Vulcano et Vulcanello a été comblé par une bande étroite et sombre exposée à des vents lovés en virgule au pied du grand volcan. Et une fois qu'ils se sont échauffés sur les flancs dénudés, ils propagent l’odeur aiguë du soufre, omniprésent, celui de la fleur jaune qui, partout, a construit des monticules, petites collines, et dont les émanations âcres sont propices à dégager le nez de la plus enrhumée des personnes. Et puis, derrière ces accumulations jaunâtres, comme si une touche manquait à ce tableau infernal, voici que des sources malsaines échappent leurs gaz des profondeurs, des bulles montant à la surface de la mer, éclairant celle-ci de touches céladons.

Pour autant, passé ces premières impressions, le ventre calme à présent, tout n’est pas si sombre sur cette terre maudite pour les hommes. Si, jadis, on l'affubla du patronyme d’île des morts, il reste néanmoins que depuis l'Antiquité la gente humaine la pratique, surtout les souffrants de rhumatismes, car ses boues ont la vertu réconfortante de les atténuer, à défaut de les guérir. Et puis, le tour rapide de Porto di Levante effectué, principale localité de l’île, il vient le temps de l'ascension du célèbre volcan, de celui qui donna son nom à tous les édifices du même type sortant des horizons profonds. Tout le long de la montée, un souffle aérien accompagne. Reliquats de souvenirs, ses caresses font penser aux supputations de Strabon et Diodore plaçant ici la naissance des différents vents, et les caractérisant selon des critères poétiques. Ainsi, pour eux, si une noire vapeur, assez épaisse pour dérober à la vue la Sicile, se répand, c'est le Notus qui souffle ; si des flammes claires jaillissent du cratère, associées à des détonations plus fortes qu’à l’ordinaire, le Borée arrive ; si, enfin, l’agitation tient le milieu entre les signes avant-coureurs dits précédemment, il s'agit du Zéphyr… Par bonheur le volcan en sommeil, on se divertit de ces visions anciennes, essaie, peut-être ?, de trouver un de ces éoles décrits frôlant la nuque, chassant sur le secours de mains qui viennent en aide à des pieds mal assurés sur un sentier périlleux. Enfin, tout en haut, le bord de Vulcano atteint, sur la frange supérieure de son cratère, on a la sensation d'être presque à mi-chemin entre l’immensité du ciel et de la mer.

Même si les produits ignés, les bruits effroyables qu'il émet lors de phases éruptives, sont des tourments du passé, sa profondeur, l’inclinaison des parois, les filaments laineux et nauséabonds de ses fumerolles, donnent à sa bouche infernale l'aspect d'un cratère de bombe qui aurait explosée ici. C’est à un paysage de guerre que l'on est confronté. Des débris de laves un peu partout, des pierres en quantité incalculables, bombes, scories, rochers éventrés sous le choc de la détonation, percées de milles alvéoles apparues lors de leurs terribles envols, pas une once de vie végétale se manifeste, c'est un univers lunaire que l'on touche des pas, et où même une signalétique à "tête de mort" indique la dangerosité du lieu et des fumées acides. Avançant sur la crête de l’orifice parfaitement circulaire, entre vertige et stupéfaction, le no man’s land se traverse comme un champ de bataille désert. Ce n’est pas Vimy ni le Chemin des Dames, mais l’ambiance est morbide, et une envie prendrait presque d'y chercher des traces de squelettes à l’état de décomposition.

Levant le regard par-delà ces pentes encore incandescentes, à l’horizon, vers le nord, les îles éoliennes se dessinent peu à peu. Il y d'abord Vulcanello, inconnu de Thucydide et Aristote, enfant à côté de son parent, qui occupe le premier plan. Lipari, où des yeux rêveurs se mettent en quête des murailles d’airain décrites par Homère. Plus loin encore, perdu dans la brume, mirage ou réalité, il semble apercevoir les feux continus du Stromboli, le fanal éclairant les navigateurs depuis des temps antédiluviens, là où Ingrid Bergman s'est perdue dans le chagrin. Enfin, à rebours de cette vue, baissant le regard vers cet abîme que l'on domine, exposé à la reprise subite de l’activité volcanique, sensation magnifique liée à l'incertitude et au risque, on plonge le regard vers le cœur du cratère, là où selon la légende résident les forges de Vulcain, le dieu tapant sur l’enclume sacrée des foudres pour Jupiter…

Le temps de la redescente intervenue, entrecoupée de pauses vers le grand panorama, entre le souci de ne pas rater le dernier bateau quittant l’île et le plaisir de ce paysage magnifique, on déniche des rochers à fleur d’eau isolés, des montagnes portant les traces du feu qui les a propulser par-dessus les flots, la Terre, toujours active, s'apprêtant à en modifier la topographie à nouveau...

 

Suivant : l'Etna, la montagne des montagnes (1)

 

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Vidéo de l'éruption du Stromboli, proche du Vulcano, en 2019 (1)

 Vidéo de l'éruption du Stromboli, proche du Vulcano, en 2019 (2)