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Monterosso al Mare

Monterosso al Mare

Monterosso al Mare. Un des villages des Cinque Terre. Sur ce panorama la Torre Aurora et Vernazza à l'horizon

Monterosso al Mare. Un des villages des Cinque Terre. Sur ce panorama la Torre Aurora et Vernazza à l'horizon

Rocher dit "Scoglio di Feriga", avec la Punta Mesco en arrière-plan

Rocher dit "Scoglio di Feriga", avec la Punta Mesco en arrière-plan

Monterosso al Mare
De la gauche vers la droite : Vernazza, puis Corniglia

De la gauche vers la droite : Vernazza, puis Corniglia

Torre Aurora, construite par les Génois au 16è s.

Torre Aurora, construite par les Génois au 16è s.

Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso. Le vieux borgo

Monterosso. Le vieux borgo

Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Eglise Saint Jean Baptiste (San Giovanni Battista), édifiée entre 1282 et 1307, avec une alternance de marbres blancs et noirs, typique du style dit liguro-pisan

Eglise Saint Jean Baptiste (San Giovanni Battista), édifiée entre 1282 et 1307, avec une alternance de marbres blancs et noirs, typique du style dit liguro-pisan

Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Oratoire de la Confrérie des Noirs et des Morts qui joua un rôle important aux 16e et 17e s, donnant des sépultures aux moins aisés

Oratoire de la Confrérie des Noirs et des Morts qui joua un rôle important aux 16e et 17e s, donnant des sépultures aux moins aisés

Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Monterosso al Mare
Eglise San Francesco attenante au couvent des capucins

Eglise San Francesco attenante au couvent des capucins

Anton Van Dyck, Crucifixion, huile sur toile, 1ère moitié du 17e s

Anton Van Dyck, Crucifixion, huile sur toile, 1ère moitié du 17e s

Luca Cambiaso, Saint Jérôme pénitent, huile sur toile, 100x120 cm, fin du 16e s

Luca Cambiaso, Saint Jérôme pénitent, huile sur toile, 100x120 cm, fin du 16e s

Monterosso al Mare

 

Monterosso al mare

 

 

Précédent : Vernazza

 

Deux ailes déployées, un rocher au milieu, dressé tel un brise-lames. Deux mondes étrangers l’un à l’autre et pourtant, chacun composé de débris à la granulométrie infinitésimale et semblable, s’agitent, troublés par les gais sourires de vagues. En rasant les bords de ce beau bleu écumeux, on voit des vivants qui s’en vont sur la plage, disparaissant, pour les plus éloignés, sous les ombres du grand cap de Mesco situé vers le Ponant. Des locaux ? Sans doute. Des naufragés coincés en ce lieu comprimé entre la terre et la mer sûrement. Errant le long des flots, sous les habits, le regard fuyant vers le large à présent, on sent naître le désir d’épouser l’onde, de faire corps avec les eaux salées, l’élan seul retenu par l’oubli d’un costume adéquat pour la baignade. Nul regret en tête cependant, on se rabat sur la marche, juge… ses pas, passagers clandestins aux cols mousseux, éphémères et dérisoires traces que ne garde point un fragile substrat.

Dernier des villages des Cinque Terre, Monterosso al mare est incongrue eu égard à ses congénères. Plus grande, sa langue urbanisée tirée vers le piémont vogue sur le bas de la montagne, s’étend au gré de diaclases géantes, s’élargit parfois en une masse globuleuse quand elle fait la connaissance d’un replat. Deux demi-lunes sableuses se blottissent en ses contrebas, et ailleurs, sans accroches aux rochers, ni peur, les maisons semblent même chercher le voisinage d’une mer sans déferlement, un matin, dépouillé du costume sauvage, et qui monte, se gonfle doucement, chute identique à un linge, parfois son mouvement à peine différent de plis antérieurs. Dans la multitude des parties de cette cité double ; Janus, jeune là-bas, aïeule ici ; brûlées par un soleil séculaire, les façades se sont réfugiées derrière une voie ferrée exposée en surplomb. Mais une fois passé le viaduc malheureux, la cité antique ; car quelques-uns pensent qu’elle est une invention ligure, avant Rome ; est toute en dehors, extérieure, publique, défaite de potentielles murailles aveugles.

Sans entrave donc, elle accueille. Elle convie même. Et simple citoyen, on s’immisce en elle, appelé par une place qui porte le nom du grand unificateur de l’Italie. Dépourvues de triomphes, les arches y sont légions. Informé par des coups d’œil, on s’enfonce en de longues lignes droites, nets et hauts corridors qui, durant la saison estivale, sont le réceptacle d’une foule passive et lascive touchant le rêve d’une douce vie. L’instant comme guide, bientôt la place Vittorio Emanuele expose son profil simple. Jalouse, demi-close, dédaigneuse de l’étranger, elle n’offre aucun enseignement, et c’est à sa lisière que le reste d’un monde voûté dévoile une présence.

Encadré de vieux murs dorés par une lumière méridionale, on reprend l’itinéraire hasardeux. On déambule, passe sous silence des univers mats et lézardés, se réjouit de fonds rosés transpirant une chaude rousseur. La ville semblant morte néanmoins, éteinte du moins, tant peu de personnes en foulent le sol, la colline San Cristoforo et sa retombée ne sont guère plus fréquentées. Mais les lieux égaient l’amateur de patrimoine ; car, au diapason, couvertes d’un manteau blanc et noir, dans un style ligure et pisan, la Chiesa San Giovanni Battista et l’Oratorio de la Confrérie des Noirs apportent un contraste sans attente. Pourtant ! Serait-ce l’effet de la luminosité basse en cette croisée ? Une froideur envahit, comme un trouble, un frisson. Une fois à l’intérieur de l’oratoire, la vision d’une danse de squelettes, crânes, os épars, sous les oripeaux d’un baroque palermitain, donnent l’impression que la mort a trouvé un lit ici. L’édifice, jadis dédié à la prière de défunts sans sépulture emportés par la guerre et la famine, on l’abandonne pour l’église ; plus noble, au fronton orné d’une rosace identique à celle de Corniglia et produite par le même artisanat.

La lumière du jour devenue incertaine, la quête du soleil prétexte l’ascension de la colline séparant la localité en deux entités inégales. De sa proue au soleil à sa poupe dans un demi-jour, on croise la Torre Aurora, vigie sourcilleuse construite par les Génois pour endiguer des incursions dangereuses ; une statue de San Francesco, symbole d’une communauté ecclésiastique qui calma les tensions endémiques dans la cité par le passé ; enfin, on achève le parcours au couvent des Capucins et sa chiesa, où, outre une toile d’un ancien assistant de Rubens, Van Dyck, on se prend d’affection pour un Saint Jérôme luministe extrait du catalogue de Luca Cambiaso…