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Tellaro

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Le Golfe de La Spezia avec Portovenere en arrière-plan

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Tellaro en arrière-plan

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Une tour aux murs roses, un olivier solitaire sur une place de pierre, un embarcadère inattendu, un sourire dans un couloir sombre, une source qui coule au pied de maisons hautes. Au loin le soleil aveugle et s’éloigne. Il part vers le soir tandis que la nuit point encore venue, la Lune émerge pourtant de l’horizon malgré qu’une lumière radieuse jette un voile sur sa présence. Toniques encore, les dards de Phébus étalent leurs teintes vermeilles sur le pavé bleu de la mer, et la robe, qui cerne l’astre, souffle comme une couleur de soufre sur les façades du borgo de Tellaro. A l’entrée de ce Golfe dit des Poètes que le plus romantique des écrivains outre-Manche choisit un temps comme résidence, le petit hameau regarde une nappe cristalline sans grondement, donne l’impression, au plus, d’être posé au bord d’un navire face à une baie brillante. Niché au pied de la colline, il se situe au revers de la protubérance montagneuse qui, sur l’autre versant, admire les Alpes Apuanes et le fleuve Magra qui rencontre en cet endroit les eaux de la mer Tyrrhénienne. Le train impatient des masses de touristes ayant épargné cette poignée de maisons aux coloris pastel perchées sur un léger éperon rocheux, il semble, dans leur solitude, qu’elles se laissent guider par une écume évanescente pour jeter des coups d’œil jusqu’à l’Isola del Tino, celle plus grande de Palmaria, et Portovenere, limites de l’autre bord de cette alcôve marine qui s’enfonce vers La Spezia.

A pied, à travers les carruggi, ruelles si typiques de la Ligurie, au détour d’un pan de mur, on découvre des vues qui s’échappent au milieu d’une polyphonie jaune et orangée, et dessinent, l’une après l’autre, des panoramas sur un amphithéâtre aquatique que nul homme ne souille aujourd’hui. Le borgo peut-être étrusque, le raid barbaresque de 1400, la peste concomitante, poussèrent les habitants de l’ancienne colonie romaine et voisine de Barbazzano à venir s’y réfugier, à le peupler, le faire grossir, lui donnant en quelque sorte les raisons d’une vie qu’il s’applique délicatement à perpétuer. Une fois en lui, il y a des rues en pente, mais sans animation. Des escaliers sur lesquels le soleil tape, oblique, où il fait monter son souffle chaud sur un tapis de pisés substrat de voies étroites. Puis on arrive au crépi pendu telle une tapisserie abandonnée de l’oratorio de Selaa. On passe, suit des murs lézardés, parvient à une des deux tours pisanes mémoires d’une tentative de thalassocratie antérieure. L’autre burg ? Il constitue le chevet de la chiesa San Giorgio bâtie sur les substructions d’un édifice cultuel que les Génois érigèrent vers 1300, après la bataille décisive de la Meloria. Puis vient la marina, cœur du hameau et creux naturel où le village s’est niché au départ. Démunie d’un nuage de sable limitrophe, une pittoresque galerie la surmonte, forme un tunnel lumineux surplombant cette berge déserte. Parsemé d’un rideau troué d’arcatures, soit autant de fenêtres ouvertes sur la mer, le couloir est le vestige d’un système défensif du XIIIème siècle qui, jadis, reliait deux tours afin de faire barrage aux attaques continues des Sarrasins, des Catalans, des maraudeurs locaux, lesquels, longtemps, pullulèrent sur ces côtes infestées de corsaires. Mais les Surcouf et Duguay-Trouin locaux devenus des souvenirs, descendant sans risque jusqu’au rivage, la rampe qui le prolonge ne sert désormais que de base de lancement à de petites barques pour l’instant à quai. Elle dit, toutefois, malgré son caractère exsangue, qu’elle fut le lieu d’agrégat pour une population en recherche de réunions, de manifestations civiles et religieuses, quand, par exemple, chaque 17 janvier, lors de la fête de Sant Antonio Abate, tous les animaux ; moutons, ânes, cochons, animaux domestiques et de basse-cour ; étaient amenés par leurs propriétaires jusqu’à cette interface pour y être bénis…

 

Suivant : Lerici (1)