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DINAN (1)

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Porte de Jerzual

Porte de Jerzual

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DINAN (1)

 

 

Une vieille cité haut perchée garnit de ses édifices le sommet d’une colline fortifiée. Depuis la rivière, peu à peu, Dun-ham la celtique, le « lieu élevé » littéralement, dévoile ses vieilles tours qui se dessinent et grandissent. Un faubourg, au bas d’une pente escarpée, offre un premier tableau incomparable, un site merveilleux, où l’œil est surpris par l’imprévu et le pittoresque. Un peu désemparé par cette beauté inattendue, cet arrangement inopiné, je me pose sur le rebord d’un joli pont aux arches de granit. Esquisse magnifique, son image vacillante se mire à la surface des eaux verdâtres de la Rance, tandis que de hauts pignons, des grands toits étagés, des vieilles maisons à pans de bois et encorbellées, se dressent maintenant face à moi. A ma gauche, les arches gigantesques d’un viaduc surplombent un fouillis d’arbres déjà adultes. Plus haut, plus à l’aplomb, des remparts flanqués de tours rondes laissent entrevoir par-dessus eux de grands toits et des bouts de clochers. « La ville est là-haut ! ». Elle semble pleine de promesses et excite déjà ma curiosité.

Pour y accéder, il me faut grimper le faubourg de Jerzual. Autre décor ! Non plus le large panorama, le vaste ensemble de tout à l’heure, mais un décor qui se resserre et se condense, une entrée de ville étonnante, qui tient à chaque pas la curiosité en haleine.

L’étroite montée tournante est terriblement escarpée, mais j’y prends le temps de souffler, chaque maison des XVème et XVIème siècles sollicitent mon regard, en haut, en bas, par une accumulation de détails ; chaque palier découvre de nouveaux aspects, des bâtisses cahotantes à étages surplombés, des piliers sculptés, des grands toits, plus étranges de formes et d’ornements les uns que les autres. Un conglomérat de maisons qui me rappelle l’Alsace ; surtout ces immenses auvents, soutenus par des grandes consoles, qui couvrent une partie de la rue.

La couleur est présente aussi. De vieilles tanneries blanches aux volets fuchsias s’achèvent par des greniers à claire-voie où jadis les peaux séchées, puis des façades bleues, rouges, jaunes ou brunes, aux encadrements d’un noir passé. Dans cette accumulation de demeures du passé, une maison de quatre étages domine les autres. Son corps strié de pans de bois offre l’opportunité d’une halte… Je la regarde… autant par goût des vieilles pierres, que pour m’accorder un répit, une pause salutaire. C’est l’habitation d’un ancien gouverneur de la cité, La Bretonnière, qui fît construire ce presque manoir au XVème siècle mais ne l’habita guère, le jugeant trop incertain, trop à l’écart des défenses de la cité.

L’ascension reprend. A mi-chemin de la raide montée, une ancienne porte du XIVème siècle coupe la rue. De ce côté, elle a la mine sévère d’une grosse tour à mâchicoulis percée d’une simple ouverture ogivale.

Mais sa rudesse cache ses secrets. Jadis, jusqu’à la venue du Comte d’Artois en 1777, une seconde ouverture la précédait en contrebas. Premier rempart de la cité, premier accès, la porte dite de Saint-Sébastien s’appuyait sur deux tourelles, Grand et Petit Fort, et s’ornait d’un écusson mêlant les armes du royaume de France à celles de la Bretagne.

Je franchis l’unique arc brisé survivant. Je pénètre dans la ville haute. Intrigué par la longueur de cette route escarpée, je cherche un horizon et gravit les degrés de la porte pour atteindre le chemin de ronde. Bientôt, par-dessus les créneaux, les vieux toits tassés de la ville se silhouettent. Quelques édifices, comme la Tour de l’horloge, le flanc de l’église Saint-Sauveur, transpercent la nappe noirâtre des innombrables couvertures. J’arpente un peu le chemin de ronde pour découvrir, à une courtine de distance de la vieille entrée, un feston surdimensionné. Le lobe démesuré est la tour du Gouverneur, un burg de quinze mètres de hauteur pour se protéger des prétentions royales françaises, un contemporain des fortifications soulevées par le duc François II vers 1480.

Je redescends et empreinte à nouveau la rue Jerzual. « Enfin ! Le plateau supérieur ! La ville ! Des vieux logis, des édifices bordés de larges places irrégulières, des rues à arcades... ». Aucun doute, les promesses faites par le faubourg sont tenues largement au cœur de la vieille cité. « Dinan semble avoir de tout à m’offrir ! », je m’extasie intérieurement.

 

Suivant : DINAN (2)