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SPAGGIA
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Comme une grenouille au bord d'une mare

Comme une grenouille au bord d'une mare

cascade artificielle construite par les Romains en 271 av. J-C, elle a 165 mètres de hauteur

cascade artificielle construite par les Romains en 271 av. J-C, elle a 165 mètres de hauteur

Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare
Comme une grenouille au bord d'une mare

 

Cascata delle Marmore

 

 

Précédent : S’il est vrai qu’il faille préférer vivre caché…

 

 

D’abord, il faut chercher un séjour où les vents dégagés par la cascade n’aient aucun accès, où ni les averses, ni les pétulantes fines particules projetées par les eaux du Velino, ne viennent empêcher de contempler un spectacle à mi-chemin entre le phénomène naturel et la main de l’homme.

Puis, néanmoins secoué par la rosée, à une heure, où, normalement, il fait bon se prélasser sur un banc à l’abri du soleil, on gonfle la poitrine, on se pense prêt à lutter contre la multitude aquatique s’épanchant en mille retombées.

Debout sur un promontoire, aspergé malgré les précautions, la nature sauvage, furieuse d’avoir été détournée de son parcours initial, déploie ses myriades de gouttelettes apportées par le sempiternel écrasement d’une masse liquide, claquant sur des rochers en contrebas.

Sudation inattendue, la peau gluante, les perles s’accumulent… Pleins de mélanines, les fils virils de mes avant-bras se collent uns à uns ; ils coagulent ; les billes transparentes, maintenant identiques à un sang jailli d’une blessure, portées par les principes de la gravité, se déversent sur un sol trempe incapable d’évacuer sa surrection momentanée.

Les pieds plongés dans une flaque, les cils ankylosés par l’humidité, comme pris par une cataracte, soudain la transparence du regard devient opaque. Anxieux de ce sort, les jambes écartées et rapprochées, pareilles à un batracien fuyant un danger, on se détend comme un ressort…

Plus proche que jamais de la chute remarquable, vivant et froid, le teint rosi, l’eau coule sur ma peau comme un ruisseau ; et là-haut, où la nuée blanchâtre s’attache au sommet, la rivière semble se gonfler au refoulement d’une digue, débordant, coulant dans une chute incontrôlable. Vannes, écluses, rien ne semble en mesure de retenir les eaux déviées par le consul Manius Curius Dentatus pour alimenter la Nera, affluent du Tibre.

Le sourd travail accompli par-dessous le renflement du plateau bombé comme un sourcil, les gouttelettes, pas encore fondues par le soleil, voltigent dans l’air. Grains translucides, elles descendent imperceptiblement le long de la raide pente ; elles s’approchent ; elles deviennent gouttes, puis se réunissant les unes aux autres, souterraines par-dessous les racines des frondaisons, plus légères parmi les courants, toutes finissent par rejoindre la grande dépression, bondissant en de multiples bouillons.

La vasque, jamais tarie, on l’admire ; on se stupéfie de sa puissance destructrice ; on reste interloqué par la brume distincte propagée sur la vallée, pesant jusque dans le lointain. L’air fortifiant, les heurts de l’écoulement buttent sur des rochers en saillie, rebondissent en paraboles, s’égarent parfois entre les pierres, s’élancent en cascades successives, baignant les fougères et sphaignes venues pousser ici.

Glissante, parfois brillante, la longue paroi prend l’apparence d’une grande plaque de métal ; les coups lourds d’une forge, loin d’un murmure, pas plus chuchotement dans des ramures, emplissent l’environnement de profonds soupirs. Souffles démultipliés, gonflés comme un vent d’orage, le son du tonnerre les accompagne, ne s’éteint jamais, enfle plus par moment, s’associant aux cris de l’écume étranglée à son acmé.

Puis, furie sans substance déchaînée sur ce parapet, la rivière reprend sa course folle une fois passée le grand dénivelé…

 

Suivant : Carsulae, la cité oubliée

 

 

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Lien : vidéo de la cascade