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Chioggia, la petite Venise

Chioggia, la petite Venise

Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Porte Santa Maria (1530), seule entrée de Chioggia depuis le continent

Porte Santa Maria (1530), seule entrée de Chioggia depuis le continent

Canal de la Vena, principale artère aquatique parallèle au Corso del Popolo

Canal de la Vena, principale artère aquatique parallèle au Corso del Popolo

Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Le port

Le port

Chioggia, la petite Venise
La Lagune

La Lagune

Pont de Vigo construit en 1685

Pont de Vigo construit en 1685

Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Tour de l'horloge à l'arrière-plan, elle comprend sur une façade la plus vieille horloge du monde encastrée dans une tour (1386)

Tour de l'horloge à l'arrière-plan, elle comprend sur une façade la plus vieille horloge du monde encastrée dans une tour (1386)

Le Corso del Popolo, voie principale de Chioggia d'environ 800 mètres de longueur

Le Corso del Popolo, voie principale de Chioggia d'environ 800 mètres de longueur

palais de la Commune

palais de la Commune

mât soutenu par trois télamons

mât soutenu par trois télamons

Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Plafond de la basilique San Giacomo de 223 m2, œuvre d'un peintre local, Antonio Marinetti dit Chiozzotto (1682-1754)

Plafond de la basilique San Giacomo de 223 m2, œuvre d'un peintre local, Antonio Marinetti dit Chiozzotto (1682-1754)

Chioggia, la petite Venise
Chioggia, la petite Venise
Campanile du duomo de style roman. A côté, le temple de San Martino de style gothique tardif avec un dôme hexagonal

Campanile du duomo de style roman. A côté, le temple de San Martino de style gothique tardif avec un dôme hexagonal

Le duomo

Le duomo

groupe de marbres, jadis placés sur les marches du palais de la Commune. On raconte que devant la Madonna, les condamnés à mort s'arrêtaient pour réciter la dernière prière

groupe de marbres, jadis placés sur les marches du palais de la Commune. On raconte que devant la Madonna, les condamnés à mort s'arrêtaient pour réciter la dernière prière

Chioggia, la petite Venise

 

Chioggia

 

 

Précédent : Brisighella

 

Venise ne surgit point du sein de la mer ; la lagune qui l’entoure n’est pas un lac, mais une plage basse et plate, un immense delta plus ou moins inondé par les eaux des fleuves qui descendent des Alpes, et surtout par celles de la mer Adriatique. Ce pays des Vénètes, sujet à des flux périodiques comme l’océan, s’avance dans les terres, y forme de vastes étendues de marais, jadis salants ; aussi ses habitants, comme ceux de la Basse Egypte, s’y sont montrés depuis des millénaires habiles à diriger et à modérer les cours d’eaux par des canaux et des digues.

On quitte l’Emilie-Romagne temporairement. La route qui relie Ravenne à Venise est une de ces artères secondaires, si fréquentes dans nombre de pays, que les semi-remorques prennent volontiers pour échapper à l’octroi moderne imposé aux péages des autoroutes. Tout est encombrements, trafics, embouteillages, aux moindres ralentissements, sur cette voie. Malgré les désagréments, on se fait une joie de retrouver les bords de la lagune, Venise, là-bas, perdue au cœur des eaux stagnantes. En ce pays presque toujours submergé, depuis longtemps les locaux, qui n’ont jamais été sous le joug Lombard, ont su, pour se protéger, entourer leurs villes d’eaux pour en faire des îles. Ils habitent la mer en quelque sorte. Ils se sont disposés à une distance raisonnable du demi-cercle que forme le rivage, et, quand on aperçoit Chiaggio pour la première fois, on dirait que c’est l’onde qui porte la cité.

Ses bords, alternativement découverts et voilés par les flots, selon les sinuosités de la route, donnent l’impression que ses bâtiments sont dressés sur un radeau, à l’image des demeures des oiseaux aquatiques qui pullulent dans la région. Terrestre parfois, maritime d’autrefois, selon les angles du regard, c’est un bout d’archipel que l’on observe ; d’autres îles multiples, à l’horizon, dessinées en filigrane, donnent la sensation de pénétrer en un territoire identique à celui des Cyclades.

L’industrie du sel, florissante depuis les temps les plus reculés, n’existant presque plus, les Chioggiotes demandent aujourd’hui à la navigation, aux excursions vers la Sérénissime, et à la pêche, leurs moyens d’existence. Reliée à la terre ferme par un pont, primitivement en bois, reconstruit en pierre au quinzième siècle, la cité a une configuration des plus simples. Une rue longue, le Corso del popolo, de près d’un kilomètre, large d’une vingtaine de mètres, et parallèlement à lui, un canal appelé la Vena, qu’enjambent neuf ponts, traversent Chioggia d’une extrémité à l’autre. Le reste ? Un grand nombre de petites rues droites, parallèles les unes aux autres, lesquelles aboutissent à deux canaux périphériques, dont l’un sépare la ville du bassin du port.

Ici, il n’y a pas de calli ni de canaux entrelacés en un dédale, comme à Venise ; pas de méandres tortueux où l’on s’égare, pas de perspectives capricieuses ; mais un plan régulier, une disposition géométrique, dont le type est calqué sur celui d’un peigne. Au départ, on croît qu’une telle régularité est de nature à supprimer la variété, l’imprévu, en un mot le pittoresque, que Chioggia est ennuyeuse à visiter. Or rien de cela, au contraire même ! Et une fois à son approche, on se rend compte que la cité est originale et possède un cachet particulier. Passé la porte flanquée du Lion ailé qui lui sert d’ouverture, derrière elle, c’est une population active qui s’anime, une forêt de mâts, de pieux pour tenir les embarcations, de cordages, mannes à poissons, qui peuplent chacun des canaux de la cité située à l’ombilic du Lido. Le fouillis serré des barques colorées va du bateau pour le cabotage, aux tartanes qui parcourent le golfe, à une infinité d’engins flottants inventés par l’industrie humaine. Plus proche des bateaux, sous le couvert d’arcades, par instant le crâne exposé aux assauts du soleil, l’œil y découvre des lourds avirons, des rames légères, des ancres de toutes sortes, des vastes filets, des cages en osier pour prendre le menu fretin, des crocs qui, mis à la traîne, servent à capturer les thons.

Déambulant le long de la Vena, des maigres magasins de dépôts sont disposés, des boutiques, souvent ; des bâtisses aux murs imprégnés de sel marin ; lequel, répandu partout dans l’air, incorpore les narines de cette odeur de salure marine que les Vénitiens appellent du freschin. Hormis la foule des touristes, à la différence de Venise, la ville paraît être composée surtout de pêcheurs. Leurs corps sans doute un peu courbé par la manœuvre du filet, les visages halés par les vents du large, ils marchent lentement vers les quais, fuient l’agitation naissante, et ne reviendront que plus tard pour se reposer et vendre leur butin.

Le long du Corso del popolo, plusieurs chiesa, oublieuses du prestige vénitien, se succèdent avec leurs façades modestes et inachevées. Vers le centre de la grande artère, outre un marché de poissons très réputé, clos aujourd’hui, à côté du palazzo de la Commune, une tour s’orne de la plus vieille horloge encastrée dans ce type d’édifice au monde. Plus ancienne encore que celle de Salisbury, le burg qui la supporte est un écho au grand clocher du duomo qui triomphe à l’entrée de la cité. Un peu partout, Venise, antique dominatrice, a laissé des traces de son ancienne hégémonie. Ses symboles disséminés çà et là, les plus rutilants sont un lion, chétif et ailé, situé au haut d’une colonne, comme à Venise, comme à Vicenza ; il y a des palais de ce gothique tardif, aux ouvertures et loggias ciselées, si communs dans la capitale de la lagune ; un mât aussi, tenu par trois télamons à sa base, révélateur de l’existence d’un quartier dans la Sérénissime. En observateur de ces éléments attachés à la grande cité amphibie, on flâne, s’aventure jusqu’aux quais terminaux où un foule de barques appareille à proximité de la piazzetta Vigo et de son pont stylisé. Dernier enjambement jeté sur le canal de la Vena, par-dessus ses pierres d’Istrie, on regarde les eaux bleuies du chenal se déverser dans les flots matinaux et riants de la lagune. On lève la tête, suit les dessins onduleux de vols de mouettes et goélands. On s’éparpille. On se focalise. On cherche dans la masse des individus réunis sur la piazzetta et les quais quelques-uns de ces modèles féminins, choisis parmi les Chioggiotes, que Titien et d’autres artistes vénitiens aimèrent à peindre…

 

Suivant : Comacchio