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Portovenere (2)

Portovenere (2)

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Portovenere (2)
Eglise San Petro

Eglise San Petro

Portovenere (2)
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Portovenere (2)
Portovenere (2)
Portovenere (2)
Portovenere (2)
Portovenere (2)
Eglise San Lorenzo au premier plan

Eglise San Lorenzo au premier plan

Portovenere (2)
Portovenere (2)

 

Portovenere (2)

 

 

Précédent : Portovenere (1)

 

Similaire au fortin de Petit Baie, la Torre Scola, édifiée en 1606, posée en avant de l’île de Palmaria, on quitte du regard cette redoute, avance vers la pointe extrême, vaste désert, où se dressent d’autres bâtiments à créneaux, où aucune maison pittoresque du castrum vetus ne subsiste, mais où une église, San Petro, perdure, bâtie sur les ruines d’un temple de Venus qui donna son nom à la ville. Le tableau formant un plan détaché sur les eaux marines avec l’aiguille d’un petit clocher planté en vigie face à cette immensité, il semble, hormis la présence d’un vieux fort tronqué un peu au devant, que l’édifice cultuel est taillé à même dans le roc, qu’il s’élève d’énormes rochers d’une teinte sombre, dont la base, irisée par les reflets de la mer, paraît plonger dans quelque chose d’indécis et d’impalpable, comme revêtu de la couleur du vide.

La pointe séparée de l’île de Palmaria par un détroit de deux-cents à trois-cents mètres, en cette heure le soleil y met quelques folles lumières sur la crête de vagues qui déferlent dans ce chenal, tandis qu’au loin il part embrasser la mer d’une grande traînée éblouissante. Le paysage unique, à mesure qu’on approche de la chiesa, elle se démarque sur cet horizon. Encastrée par-dessus des dalles rocheuses saillantes d’un escalier qui y conduisent, son style gothique-génois aux bandes blanches et noires horizontales donne un esthétisme supplémentaire au site. Réalisée sur un temple votif dédié à la Venus Ericina, la même qu’en Sicile, d’abord elle a été une petite basilique paléochrétienne de type syriaque avant d’être officiellement consacrée, en 1198, sous la physionomie d’une petite église. L’aspect actuel ? Il évoque la chiesa madre de Monterosso al Mare, date d’entre 1256 et 1277 lorsque les Génois la firent construire en remerciement aux habitants du borgo qui, par leur vaillance, avaient su apporter une aide considérable lors de la précédente prise du castello de Lerici. Si l’état de désolation environnant résulte des bombardements aragonais et de la défiguration coutumière inhérente à l’occupation napoléonienne, une fois au-dedans, la nef posée sur le roc en plein, elle déploie toute l’austérité du moutier solitaire soumis à une dure règle des premiers temps.

Malgré les différences des styles, les absides cœurs de l’ouvrage, un très bel effet émane des alternances de bandes bicolores qui poursuivent leurs tracés comme au dehors. Sans grande délicatesse dans les ornements, sans des verrières multicolores susceptibles d’échauffer l’atmosphère, on s’enquiert de la conservation d’arcatures à meneaux, de chapiteaux, se penche sur la robustesse et les dessins naïfs de marbres exhumés qui, jadis, formaient le sol de la chiesa paléochrétienne. Elément peut-être le plus subjectif, une petite loggia tournée vers la mer et le Ponant offre un balcon, un changement de vue, un petit couloir aérien qui rappelle, ô force de l’abstraction, des sensations vécues ; il y a longtemps ; blotti entre les fines colonnettes du cloître du Mont Saint-Michel.

De là, on voit le mont qui domine Portovenere se découper en arête, la forteresse des Doria le prolongeant artificiellement. Composant un premier plan vertical, au-delà, fuyante, au gré des anfractuosités, la côte, par saltation, s’orne de légers retraits, de promontoires qui délivrent les secrets des flancs de la montagne. La côte ainsi coupée à chaque instant, on la suit autant du regard que de pas qui conduisent, touriste servile que l’on est, vers l’antre où lord Byron passa un temps de sa vie. La caverne sans grands attraits, hormis ses souvenirs, on gravit un sentier caillouteux pour, au droit de deux anciens moulins, arriver en un lieu où la mer, un bout de la Botte, le génie humain aussi, ont su composer dans une harmonie parfaite un paysage incomparable. De la sorte, perché au-dessus de la toiture à deux pans de la chiesa San Lorenzo, la baie déserte, les rues vides, l’œil s’attarde là-bas sur le golfe où deux bateaux déchirent de leurs écumes la surface de l’eau qui se referme doucement derrière eux. Tout est vide, silencieux, seuls perturbés par le bruissement soudain d’oiseaux parmi les branches immobiles d’oliviers plantés dans un jardin. L’air léger, suspendu avec quelques frissons de froid subtils apportés depuis les névés des Alpes Apuanes, comme une incrustation fixe la clarté lumineuse du matin d’hiver s’oppose à un dégradé bleu qui s’approfondit à mesure que le regard quitte le vaste golfe pour rencontrer, derrière de hautes collines, des sommets enneigés aux surfaces inertes mais où, pareils à la mer, parfois se brisent à leurs surfaces les reflets de premiers soleils…

 

Suivant : Portovenere (3)