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Voyage en Campanie

Voyage en Campanie

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Voyage en Campanie

 

 

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Voir Naples et y mourir…

Les poncifs ont la vie dure, et Naples, cité déchue de son rôle de capitale de différents royaumes et de plaque-tournante de la Méditerranée, Naples souffre aujourd’hui de cette formule et de ce passé révolu.

Mais avant que de conter le récit de ce voyage commençons par son début, par ce que par négligence Marc Augé nomme un non-lieu, soit un aéroport et sa salle d’embarquement.

Trublion déraciné qui n’aime guère la sédentarisation, on avoue avoir une affection particulière pour ce genre d’endroit fait d’anonymats où, quotidiennement, des gens si nombreux et si différents se croisent tout en s’ignorant. On aime à y passer le temps, à y être assis des heures durant, à regarder longuement les foules qui y circulent en accéléré, qui quittent leur mode de transport ou au contraire si rendent plus calmement. Le billet à la main, chacun muni de cette relation contractuelle, ils semblent incarner un fragment de cette manifestation la plus heureuse du fabuleux raccourcissement de la distance introduit par la mondialisation.

Senti comme dans une Tour de Babel, or, aujourd’hui c’est depuis un de ces non-lieux que l’on s’apprête à embarquer pour Naples, cité folle, énigmatique, et sujette à bien des fantasmes si on accorde crédit aux images d’Epinal qu’elle charrie.

Toutefois, les stimuli réels de cette translation à venir ne résidant pas seulement dans des « ouï-dire », ils prennent leur essor en un terreau fertile, celui de la recherche de toujours mieux comprendre la Botte, son passé, son devenir ; mais aussi, aléa de la conjoncture, à prendre son pouls avant que les courroux de Gaïa ne s’abattent sur la cité méridionale. Car, s’il est un fait avéré, c’est que la Terre s’active à proximité de la capitale de la Campanie en ce moment ; deux ondes telluriques conséquentes ressenties lors des derniers mois, l’inquiétante reprise de l’activité des champs Phlégréens ; on se sent donc, responsabilité individuelle et bien superflue pour beaucoup, investi de la mission de ne pas générer de regrets personnels futurs, et d’aller, au prix de risques minimes, découvrir qu’elles sont les richesses de ce berceau de culture en sursis a priori.

De la sorte, fort de la formule que la vie est plus terrible que la mort si on demeure dans l’ignorance, on embarque et s’envole. Rome bientôt dépassée, du ciel on aperçoit la chaîne des monts Albains, puis, sur la gauche, défile la mer bordée par une plaine immense interrompue par quelques caps proéminents. Enfin la descente débute, Naples se rapproche. Sans végétation à leurs sommets, les Apennins dessinent un seul bloc longitudinal bien discernable. Ocre sur les hauteurs, feutrée du vert d’oliviers abondant sur le piémont, la montagne se cambre peu à peu, prend la figure d’une vaste cavea au creux de laquelle Naples et ses excroissances périurbaines se sont installées. La ville toute blanche depuis notre belvédère, située sur la frange littorale, son aspect éclatant est contrebalancé par les deux contrepoints du Vésuve ; deux cônes noirâtres, deux îlots basaltiques qui semblent abandonnés au milieu de la plaine et qu’on associe à l’une des tragédies humaines les plus célèbres. Enfin, étage intermédiaire de ce paysage, alors que les yeux se détachent de la vision suggestive du puy à double bouches, propulsés vers le large, ils s’orientent vers la presqu’île de Sorrento et Capri du côté méridional, le cap Misène, Procida et Ischia à l’opposé, deux extrémités, deux pointes achevant la physionomie en demi-lune du golfe, et qui baignent dans une ambiance bleue violacée sous un ciel clair rayé de bandes jaunâtres…

 

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