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Quartier espagnol (1)

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Ayant dépassé depuis longtemps le simple statut de touriste, la lecture très matinale des derniers chiffres relatifs à la pauvreté en Italie a de quoi réveiller, et laisser songeur a posteriori. Notre parcours dans Naples suivant le tracé initialement choisi, de long en large, sans passer par des travers toutefois, une pensée fait son chemin sur ces voies sans macadam. Guère réjouissante, mais elle n’appartient qu’à soi-même, et nul n’est tenu de la partager, c’est gravissant les collines qui entourent Naples, flânant dans ses rues, que le temps passant, l’habitude également, d’autres visions plus herméneutiques s’accumulent à son sujet, et que, toujours veille marotte d’un cerveau à réfléchir, on commence à s’interroger sur l’opportunité qu’est pour un jeune transalpin de naître et vivre dans cette cité.

Si déjà au travers de ce passionnant périple, on a compris que la mixité sociale n’est qu’un marketing urbain masquant une non intégration des différentes couches sociales au sein de la cité ; et que cette élaboration est beaucoup portée par des touristes en quête de pittoresque ; on pressent, touche de plus en plus du regard une paupérisation latente, assez généralisée, où, effet rétroactif, à chaque jeune Napolitain que l’on croise, on se demande si réellement son avenir, fut-il radieux, se situe dans cette métropole.

Naples, une ville pauvre ? Il suffit de lever ou baisser les yeux pour à travers des murs sans crépis, lézardés au mieux, des camelots installés à la sauvette et pratiquant un commerce interlope de produits contrefaits, s’en faire une idée.

Dans ce paysage qui ne rebute en rien, car on admire beaucoup ce pays, mais on cherche à en percer les arcanes ; et que le Mezzogiorno est un territoire qui nous intrigue ; on doit dire qu’un quartier de la capitale campanienne cristallise particulièrement cet état de précarité. Dit espagnol, parce que Don Pedro de Toledo en fut le protagoniste, et parce qu’il servit de réceptacle aux troupes armées de la péninsule ibérique, il est, si on fait fi des quelques terrasses qui occupent les parties basses de ses rues perpendiculaires à la via Toledo, un concentré des mystères plébéiens qui se cachent au cœur de cette ville.

Le terme en rien provocateur, La Capria ou Pasolini en faisant un usage répandu ; et puis l’ancienne directrice de l’Ecole française de Rome n’a-t-elle pas expliquée qu’il s’agissait là d’un vocable englobant 99% de la population de Rome sous la République ; sous des apparences agréables ce bout de terre anthropisé garde en lui, semble-t-il, les secrets d’une histoire irrémédiable attachée à la cité et à son devenir.

Pour être plus concret, car on court à cet instant le risque de perdre le lecteur, on va remonter un peu le fil de cette brève introduction. Revenant sur les fameux chiffres qui ont suscité cet élan subit, ils sont de la mi-mars, on lit que la Botte est un pays qui s’enfonce peu à peu dans la crise. Et que si on ne veut pas être assommé par une longue litanie de chiffres ennuyeux, on dira que plus de 10 pourcents de la population nationale vit sous le seuil de pauvreté. 2,4 millions pour le Nord de la Botte, presque autant pour le Sud, environ un million pour son Centre, et qu’outre ses statistiques, si on se recentre sur l’échelle napolitaine, on y voit un effet cumulatif, puisqu’au-delà de ce constat la cité assiste depuis une vingtaine d’années à une fuite de ses cerveaux. Le brain drain un avatar de la mondialisation, ici la perte des jeunes diplômes atteint des proportions inquiétantes ; pas moins de 150 000 frais universitaires ayant quitté la cité au cours des vingt dernières années. Le schéma somme tout classique, cependant ceux-ci se destinent rarement à des opportunités offertes à l’étranger. Ils vont simplement combler le vide laissé par d’autres étudiants de la Péninsule, ceux du Nord, partis cette fois pour des horizons internationaux. Ces derniers attirés simplement par des salaires plus conséquents ; peut-on reprocher à une jeunesse d’être vénale quand un avenir se dessine en pointillés ; les universitaires napolitains viennent occuper les places ainsi laissées vacantes, en quête également de rémunérations plus avantageuses que dans le Mezzogiorno.

De la sorte, après que la région se soit vidée de ses populations entre 25 et 50 ans lors des Trente glorieuses ; celles-ci marchant sur la même route du septentrion pour, cette fois, fournir de la main-d’œuvre à des entreprises ; maintenant les plus jeunes, porteurs de dynamisme normalement, perpétuent cet exode voulu, car sources d’opportunités inatteignables localement en raison de causes protéiformes. On y reviendra…

Le panorama local, social et générationnel ainsi dressé ; état factuel d’une situation que d’aucun peut consulter à partir des données d’Istat, l’INSEE transalpin ; on s’enfonce en ce royaume à part que constitue le quartier dit espagnol…

 

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