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Quartier de Santa Lucia

Quartier de Santa Lucia

Quartier jadis de pêcheurs, il est une partie du quartier plus vaste de San Ferdinando

Quartier jadis de pêcheurs, il est une partie du quartier plus vaste de San Ferdinando

Quartier de Santa Lucia
Quartier de Santa Lucia
Piazza Vittoria en hommage à la victoire de Lépante. Monument dédié à Nicola Amore, ancien maire de Naples (fin 19è)

Piazza Vittoria en hommage à la victoire de Lépante. Monument dédié à Nicola Amore, ancien maire de Naples (fin 19è)

Quartier de Santa Lucia
Le palazzo di Calabritto commencé vers 1720 et achevé vers 1736. Il fut acheté pour 37 000 par Charles III de Bourbon, puis racheté par un des descendants de la famille d'origine.

Le palazzo di Calabritto commencé vers 1720 et achevé vers 1736. Il fut acheté pour 37 000 par Charles III de Bourbon, puis racheté par un des descendants de la famille d'origine.

Quartier de Santa Lucia
Le palazzo di Calabritto, avec la place des martyrs

Le palazzo di Calabritto, avec la place des martyrs

Quartier de Santa Lucia
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Quartier de Santa Lucia
Quartier de Santa Lucia
Palazzo Cellamare de la seconde moitié du 16e siècle, avec une rénovation effectuée par Ferdinando Fuga en 1726

Palazzo Cellamare de la seconde moitié du 16e siècle, avec une rénovation effectuée par Ferdinando Fuga en 1726

Quartier de Santa Lucia
Pont construit en 1636 par le vice-roi Manuel de Acevedo y Zúñiga, comte de Monterey, pour relier la colline de Pizzofalcone au reste de la cité, pour cette raison il a d’abord été appelé le « pont de Monterey ».

Pont construit en 1636 par le vice-roi Manuel de Acevedo y Zúñiga, comte de Monterey, pour relier la colline de Pizzofalcone au reste de la cité, pour cette raison il a d’abord été appelé le « pont de Monterey ».

 

Quartier de Santa Lucia

 

 

Précédent : Castel dell’Ovo

 

Passé le Castel dell’Ovo, parvenu sur la rive di Chiaia, le bruit et le tumulte s’atténuent tel un enchantement. Cependant jadis au mois de septembre avait lieu ici, et jusqu’au Posillipo, le jour de la fête de Piedigrotta, une procession doublée d’un cortège carnavalesque qui était quelque chose d’inénarrable. Ce jour-là, à l’emplacement du jardin botanique actuel, dans une ambiance bucolique méditerranéenne rappelant des embryons de la Côte azuréenne, à l’ombre de palmiers, une foule bigarrée résumant en elle tous les types et tous les costumes des provinces du sud, occupait cette esplanade avec un fracas assourdissant de tambourins et de castagnettes.

Le folklore disparu, tout comme les lazzaroni d’hier, néanmoins la Botte possède cette formidable faculté à être un conservatoire de pratiques antérieures via ses monuments ; et il me suffit de quitter un quai encombré de tables, d’entrer en un autre rione, pour qu’un univers sans murs bariolés de tags ; chose remarquable à Napoli ; s’ouvre tel un présage avantageux.

L’ambiance distinguée, d’aristocrates senteurs s’y hument d’emblée sur les fronts hautains de bâtiments. Toutefois pas encore totalement cerné par ce dépaysement, par pur délice, on s’attarde sur une reproduction de Silène et Bacchus enfant perchée sur une colonne d’un parco ; également, on accorde un œil pour l’ersatz d’un satyre vu au British Museum par le passé. L’esprit ainsi rafraîchit, gai, pinçon, paisible et à contre-courant du rythme soutenu des autochtones, on s’insère au milieu de ce qu’on juge être, eu égard aux us de la capitale campanienne, une incongruité citadine.

Même si ce " borgo " a perdu les rues de deux mètres de largeur qui faisaient son authenticité, et qui se projetaient dans la mer ; même si les entassements de balcons, d’escaliers allant d’une maison à l’autre, interceptant toute lumière, resteront dorénavant l’apanage d’écrits biographiques antérieurs ; on s’accommode de ce pittoresque, d’un luxe nouveau balançant sa temporalité entre une fin de Renaissance et le siècle des Restaurations.

Dépourvues de l’âpreté sauvage habituelle des autres rues de la cité, celles-ci tranchent par leur aération et disposent de tous les attributs d’une bourgeoise civilisée. Même si dans les via contiguës persistent des immeubles plus modestes, ils ne possèdent point ces aspects défroqués des masures aux squames écaillées tellement fréquentes par ailleurs. On se surprend à trouver des soupçons de verdures individuelles, des fleurs aussi, aux fenêtres en plus ; et sous l’œil attentif de vastes palazzi avec des figurations parfois ésotériques, on y sent l’existence d’un otium pas si lointain.

Les palais, remparts d’îlots de beauté que sont les places. Il n’est pas original que quelques-unes d’entre-elles soient semi privatives, occupées par des terrasses chics. Quant à la sourdine posée sur les nuisances sonores, c’est un vrai remède, un analgésique puissant, une paix auditive bienvenue en cette ville la plus bruyante d’Europe, et la troisième au monde après New York et Los Angeles.

Naples traversée de frontières insensibles qui, bien qu’elles ne soient ni inscrites au sol ni tracées sur un plan, organisent les représentations collectives de son espace urbain, comme un paradoxe, à l’opposé de ce qui fait le quotidien de cette trame, sans ségrégation réelle, mais simplement la survivance de proximités résidentielles entretenues par des générations de catégories sociales aisées, des rues aristocratiques ; la via San Caterina, la longue via Chiaia ; sont les réceptacles de promenade sans buts d’une classe moyenne, l’occasion de bagatelles un peu sophistiquées, de convoitises oculaires face à des magasins renommés.

Construit au cœur du XVIIème siècle, une arche monumentale, le Ponte di Chiaia, semble être la porte orientale de ce quartier aristocratique où, si on accorde crédit à un Normalien, les classes supérieures sont encore nombreuses. Cette extension opérée par les Espagnols au début du XVIème siècle, elle a toujours été une émanation du pouvoir centré autour du Palazzo Reale. Elle s'est rapidement constituée de rues chics bordées de palais nobiliaires, où on sent la grande fièvre constructive qui dut animer cet espace quand Naples était une capitale de royaume et la seconde concentration urbaine européenne.

Les vieilles familles des élites patrimoniales issues de la noblesse ou de la vieille bourgeoisie toujours actrices de cette marge du centre historique, dépassé la voûte à caisson du Ponte di Chiaia, utile liaison pour ne point faire du monte Echia un isolat, allant vers la mer, outre divers palazzi, on croise celui de Cellamare édifié au-dessus de l’exact emplacement des premières maisons de Paleopolis, et cachant aussi les grottes de Platamonia où, selon un rite secret nimbé de mystère, des jeunes mariés venaient consommer leur mariage devant les membres d’une secte énigmatique. Plus loin, la piazza dei Martiri peut être considérée comme l’épicentre de toute la zone. Frangée par le classicisme du Palazzo Calabritto, un descendant des d'Estouteville, famille dont on a déjà croisé le chemin à Rome, un cénotaphe y commémore le souvenir des martyrs des quatre révolutions napolitaines, chacun des lions à sa base recouvrant une signification particulière en fonction de sa physionomie…

 

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